Le nouveau premier ministre britannique, en place depuis le 24 juillet, a décidé le 28 août de suspendre le Parlement pendant cinq semaines jusqu’au 14 octobre. L’objectif de cette démarche est sans équivoque : sortir de l’Union européenne le 31 octobre quelles que soient les conditions. Disposant de quelques jours avant cette période de congés forcés, la Chambre des Communes a riposté. Elle a voté l’illégalité d’une sortie sans accord, forçant le gouvernement à demander un report du Brexit si aucun compromis n’a été trouvé avec la Commission Européenne. C’est donc un sérieux revers pour Boris Johnson. Dans cette bataille, il a perdu de surcroît sa majorité d’une voix avec la démission de plusieurs députés conservateurs. De ce fait, l’exécutif ne maîtrise plus le calendrier des évènements.
Au-delà de cet imbroglio politique, les investisseurs ont accueilli le nouvel épisode de cette série à rebondissements avec soulagement, puisqu’il écarte la probabilité immédiate d’un hard Brexit. Mais rien n’est encore joué dans cette phase d’incertitude qui dure depuis plus de trois ans. Cela pèse au quotidien sur l’économie, avec des derniers chiffres de PMI en très nette contraction en août (PMI manufacturier à 47,4 et celui de la construction à 45). Celui des services se maintient à peine au-dessus du seuil des 50, à 50,2. Dans le doute, les chefs d’entreprise reportent donc leurs décisions d’investissement avant le jour J, dont on ne connait pas encore la date. De plus, les stocks tampons, pour faire face à d’éventuelles pénuries, ont été constitués, d’où une baisse provisoire de la production.
En Europe continentale, en revanche, les mêmes indicateurs économiques en août ont montré une forte dichotomie entre l’activité manufacturière, qui se stabilise à un faible niveau, et celle des services, qui progresse et soutient la croissance, évitant ainsi une récession. Ainsi en Allemagne, le PMI manufacturier baisse très légèrement à 43,5 contre 43,6 le mois précédent. A l’inverse, celui des services augmente à 54,8 contre 54,4. De facto l’indice composite progresse à 51,7 contre 51,4. Avec de meilleurs chiffres en France, qui connait une progression de ces mêmes composants,
l’amélioration est modeste mais bien réelle pour la zone euro. Ainsi, le PMI composite s’améliore à 51,9 contre 51,8 en juillet. C’est une hausse modérée, mais le marché a été rassuré, entraînant une progression des actifs risqués et des ventes sur l’obligataire et l’or.
La situation est identique aux Etats-Unis en août. Ainsi l’ISM non manufacturier progresse nettement à 56,4 contre 54 précédemment, alors que l’ISM manufacturier est en contraction à 49,1, une première depuis août 2016. Les nouvelles commandes sont également en décroissance à 47,2. Les opérateurs ont donc retenu la bonne résistance de l’activité tertiaire avec de surcroît une bonne progression des créations d’emplois selon l’ADP, à 195 000 contre 156 000. Dans ces conditions, la FED devrait baisser ses taux le 18 septembre après une action de la BCE le 12 septembre. Le but étant d’éviter une récession au cas où les services seraient finalement touchés. Taux de change L’or a culminé mercredi, atteignant un plus haut en six ans, à 1 557,31 dollars l’once, avant de retomber en fin de semaine. La séance de jeudi a été particulièrement rude pour le métal jaune, qui a enregistré sa plus grosse baisse quotidienne depuis trois ans. L’argent a connu la même trajectoire, atteignant mercredi un plus haut en trois ans à 19,65 dollars l’once, avant de reculer.
La livre sterling a inscrit un pic de plus d’un mois contre le dollar, le marché voit les craintes d’un Brexit sans accord s’éloigner. Le yen se reprend provisoirement après avoir atteint cette semaine un point bas depuis fin 2016, signe que les actifs refuges ont été moins recherchés.
Chiffre de la semaine : 490 km/h : vitesse atteinte par la Bugatti Chiron, dépassant l’ancien record de vitesse de 431 km/h détenu par une Bugatti Veyron