La BCE était attendue au tournant par les marchés ce jeudi 12 septembre. C’était l’avant dernière conférence de presse de son président, dont le mandat s’achève le 1er novembre. L’exercice était difficile car les investisseurs voulaient des mesures concrètes. Une fois encore, Mario Draghi a assuré. Trois décisions importantes, entre autres, ont été adoptées par le Comité de Politique Monétaire (CPM) : la première est la baisse du taux de la facilité de dépôt à -0,50%. La deuxième est la mise en place d’un système de taux de dépôts différenciés (« tiering ») sur les réserves excédentaires avec un taux privilégié à 0%. La troisième est la reprise d’un programme d’achats d’actifs (asset purchase programme, APP) à un rythme mensuel de 20 milliards d’euros. Si ce montant peut paraître faible, l’astuce est sa durée prolongée et indéterminée, soit « aussi longtemps que nécessaire pour maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire ». Cette subtilité a séduit les opérateurs puisque le CAC40 a clôturé à son plus haut niveau annuel. On peut noter également une hausse des taux du 10 ans allemand à -0,52% (qui se rapproche du nouveau taux des dépôts), ainsi qu’une forte baisse de l’emprunt souverain italien de même maturité, désormais à 0,86%. On assiste donc à une détente supplémentaire de l’aversion au risque et à la poursuite de la ruée vers les rendements positifs. La banque centrale soutient bien la valorisation des actifs financiers. C’est un fait crucial dans un environnement économique incertain. Néanmoins, on s’approche inévitablement vers les limites de ses capacités d’où l’appel officiel de Francfort à la relance budgétaire des Etats. La balle est désormais dans le camp de Berlin.
Sur ce sujet, les dernières prévisions de l’institut IFO pour l’Allemagne ne sont pas optimistes. Il anticipe une contraction de 0,1% du PIB au troisième trimestre et révise à la baisse la croissance estimée pour 2019 à 0,5% contre 0,6%. La baisse de la production industrielle en juillet de 0,6% sur un mois et de 4,2% sur un an glissant a certainement contribué à la contraction de l’activité. C’est un fait pas uniquement outre-Rhin mais aussi dans l’ensemble de la zone euro, puisque cette même statistique affiche une baisse de 0,4% sur un mois et de 2% sur un an. Toutefois, la balance commerciale se redresse avec un excédent de 21,4 milliards d’un mois pour la même période. La hausse des exportations de 0,7% est un signal rassurant, mais à confirmer, pour le commerce mondial.
Les projecteurs se braquent dorénavant vers la FED et son rendez-vous du 18 septembre. Les anticipations sont vers une réduction de 0,25% de son principal taux directeur qui passerait à 2%. Toutefois, le choix n’est pas simple dans un pays où, en août, le taux de chômage est à 3,7% et le CPI dit « core » est ressorti à 0,3% sur un mois et à 2,4% sur un an glissant. Ce niveau est au-dessus de l’objectif de 2% alors que l’industrie est désormais touchée. Le double mandat croissance sans inflation est donc difficile à atteindre à court terme. Taux de change Les cours du brut sont en net repli après une réunion ministérielle de l’OPEP, qui n’a débouché sur aucune décision allant dans le sens d’une réduction accrue de la production. Ce mouvement a été aggravé par le démenti apporté par la Maison blanche aux informations sur un possible accord commercial provisoire entre les Etats-Unis et la Chine. Après un bref passage à vide, l’euro se reprend face au dollar jeudi, à la fin d’une journée marquée par plusieurs annonces de la Banque centrale européenne (BCE) et l’espoir d’avancées dans les négociations commerciales sino-américaines. De son côté, la livre sterling s’offre un grand bol d’air à mesure que s’éloigne le scénario redouté d’un Brexit sans accord.
Chiffre de la semaine : 529 Millions $ : montant total reçus par les agents de foot pendant le mercato de football d’été 2019, 80 Millions de plus que l’an passé