Le troisième président de l’histoire de la BCE a tenu sa dernière conférence de presse ce jeudi 24 octobre. Cette ultime intervention ne restera pas dans les annales. Les annonces d’un maintien des taux directeurs et de la mise en place d’un nouveau plan d’achats d’actifs de vingt milliards d’euros par mois, à partir du 1er novembre 2019, étaient déjà anticipées par les marchés. La faiblesse de la croissance européenne a été soulignée à plusieurs reprises. Sans dresser un bilan complet de cet Italien, retenons deux faits marquants de son mandat de 2011 à 2019 : la sauvegarde de l’euro en 2012 et la mise en place de mesures non conventionnelles. Tout le monde salue le premier exploit, qui a cassé à l’époque la spéculation des hedge funds contre la monnaie européenne et les dettes souveraines périphériques. La fameuse phrase « Believe me, it will be enough ! » avait mis fin à la forte tension des taux grecs, espagnols et portugais qui avaient progressé respectivement jusqu’à 28%, 7,6% et 11,4% en juillet 2012. Elle avait été suivie, le 6 septembre, par un programme illimité d’achats de dettes gouvernementales labellisé « OMT Outright Monetary Transactions ». Aujourd’hui, Mario Draghi est critiqué au sein même de la banque centrale pour le deuxième fait marquant de sa présidence : l’expansion du bilan et les taux négatifs. Plusieurs gouverneurs n’adhèrent pas à cette nouvelle phase d’injections de liquidités. D’autres estiment que la limite d’efficacité des politiques monétaires est atteinte. Les Allemands, importants épargnants, ne digèrent pas la période actuelle symbolisée comme étant « l’euthanasie du rentier ». Il est certain que la première mission de Christine Lagarde, son successeur, sera de mettre en place une unité retrouvée. Souhaitons-lui bonne chance dans l’intérêt de tous les Européens.
En attendant, les premiers chiffres des PMI d’octobre confirment la faiblesse de l’activité outre-Rhin. Ainsi, le PMI manufacturier ressort à 41,9 contre 42 attendu. Néanmoins, certains soulignent la légère amélioration par rapport au mois précédent qui était à 41,7. Notons quand même que le PMI des services continuent de s’effriter à 51,2 contre 51,4% précédemment. Ces mêmes chiffres sont plus flatteurs pour la France avec un PMI manufacturier, des services et un composite qui s’améliorent respectivement à 50,5, 52,9 et 52,6. Les Etats-Unis ont publié des données économiques plus nuancées en septembre. L’indicateur avancé s’affiche à -0,1% après -0,2% le mois précédent. Les commandes de biens durables s’effritent également de 1,1% soit -0,3% hors transport. En octobre, les PMI manufacturier, des services et composite sont tous en progression à 51,5, 51 et 51,2. Nous sommes donc toujours en croissance, estimée par certains aux alentours de 1,5%. En attendant, Donald Trump poursuit sa pression incessante sur la FED pour une forte baisse des taux. La prochaine réunion de l’institution se tiendra la semaine prochaine, le mercredi 30 octobre. La Maison Blanche estime injuste la différence des rendements des deux côtés de l’Atlantique. Rappelons que l’Allemagne est en excédent budgétaire et souffre de la guerre commerciale initiée par les Américains. Alors que les Etats-Unis devraient connaître cette année un déficit de plus de mille milliards de dollars.