C’est un fait inédit depuis la crise financière de 2008. Hong Kong est entrée officiellement en récession au cours de ce troisième trimestre 2019. Le PIB s’est ainsi contracté de 3,2% en rythme annualisé après -0,5% au deuxième trimestre. Ce sont les conséquences logiques de plus de 6 mois d’émeutes à la suite de la loi d’extradition votée ce printemps et retirée depuis le 23 octobre dernier. Mais la protestation, surtout estudiantine, n’a pas faibli et les troubles ont fait fuir les touristes. Par ricochet, les ventes de détail de septembre se sont effondrées de 18,3% sur un an. L’horlogerie est particulièrement touchée avec une baisse de 40% des exportations en octobre. L’industrie hôtelière voit ses réservations chuter de plus de 50% sur un an. La « perle de l’Orient », une des portes principales d’entrée en Chine, était déjà affectée par le ralentissement du commerce mondial lié à la guerre commerciale sino-américaine. Ce double choc est très dévastateur avec un indice Markit PMI en octobre à 39,3 et, en septembre, des exportations et des importations en baisse sur un an glissant respectivement de 7,3% et 10,3%.
Quelles sont les conséquences pour les autres pays développés ? Pour le moment, elles sont limitées. L’industrie du luxe est forcément concernée. Cependant, le dynamisme des autres continents et des autres pays asiatiques compense largement ce marasme local. Ainsi, Hong Kong représente à peine 6% des ventes du leader mondial français LVMH. Certains groupes hôteliers présents vont également subir une baisse de leur rentabilité. Toutefois ce marché de 7,4 millions d’habitants ne peut entraîner à lui seul une récession mondiale. Alors, pourquoi cette région attire-t-elle autant d’attention ces dernières semaines ? Pour deux raisons principales. Tout d’abord, il s’agit de la troisième place financière mondiale, comme le démontre l’introduction en bourse en cours d’Alibaba à Hong Kong. L’équivalent de plus de 10 milliards d’euros d’actions de cette société ont été placés cette semaine, en attendant la première cotation mardi prochain. Une crise financière locale et un tarissement des financements peuvent donc avoir des conséquences sur le dynamisme asiatique et la santé des banques mondiales. La seconde est géopolitique. Ce territoire a été conquis par les Britanniques après la première guerre de l’opium à la suite du traité de Nankin en 1842. Depuis 1997, il a été rétrocédé à la Chine et bénéficie d’un statut spécial. C’est donc un symbole des libertés occidentales. Les négociations en vue d’un accord sino-américain peuvent être compromises à cause Hong Kong. L’application de tarifs douaniers supplémentaires américains prévus le 15 décembre prochain pourrait faire basculer les économies occidentales en récession. Nul doute que les investisseurs suivent désormais l’évolution de la situation de très près.
En attendant, les dernières statistiques économiques outre-Atlantique sont dans l’ensemble bien orientées en octobre. Les permis de construire sont en hausse de 5% et les mises en chantier en progression de 3,8%. Les vente de détail augmentent également de 0,3% contre une baisse de 0,3% en septembre. La production industrielle est toutefois en baisse de 0,8% avec un taux des capacités d’utilisation en baisse à 76,7% contre 77,5% le mois précédent. L’Amérique a également besoin d’un accord. La volonté dépend surtout de Washington, qui souhaite conserver la main sur le calendrier pour une annonce au mieux des intérêts de la Maison Blanche, dont le Président est entré en campagne électorale.