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Point macroéconomique

NOM DE CODE « 2019-NCOV »

Par 24 janvier 2020février 20th, 2020No Comments

C’est un nouveau coronavirus qui inquiète les organisations sanitaires. Le foyer de cette épidémie de pneumopathie serait un marché de fruits de mer et de poissons situé dans la métropole chinoise de Wuhan. Cet agent infectieux aurait, semble-t-il, muté de la chauve-souris vers l’homme via d’autres animaux vivants. Il se transmet par voie aérienne et cause des troubles respiratoires aigus, pouvant être mortels. Malgré le confinement de la ville, plusieurs cas ont été déclarés à l’étranger. À cette heure, l’OMS n’a toujours pas déclaré d’urgence internationale, mais les marchés sont désormais en alerte, avec des baisses prononcées des bourses chinoises ce jeudi 23 janvier.

Le point de référence est le précédent de 2003, avec l’épidémie du SRAS à Hong Kong, causée par un autre coronavirus. A l’époque, le PIB avait baissé de 0,5% en rythme annualisé au 2ème trimestre, avant de se reprendre fortement par la suite. Les valeurs du luxe et du tourisme avaient connu des fortes chutes en bourse, affectées par la psychose et les mesures d’isolement. Aujourd’hui se pose le problème du voyage de millions de Chinois pour les fêtes de fin d’année. La période d’incubation du virus étant de trois à six jours, il faudra attendre plusieurs cycles de contamination pour endiguer l’épidémie. De ce fait, les investisseurs devraient rester inquiets plusieurs semaines, tant que le nombre de victimes s’alourdit, privilégiant les actifs refuges comme les obligations souveraines et les valeurs de croissance et défensives aux secteurs exposés. Cela retarde potentiellement le scénario de reprise graduelle qui se mettait en place. Toutefois, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, car le nombre de victimes est, pour l’heure, inférieur au virus de la grippe. Les marchés restent plutôt dans l’expectative, se focalisant sur la période de résultats qui vient de débuter.

Dans cette ambiance anxiogène, où des festivités prévues pour le nouvel an ont été annulées en Chine, les chiffres macroéconomiques sont relégués au second plan. Notons la révision à la baisse de la croissance mondiale par le FMI du fait des tensions géopolitiques. Celle-ci est désormais estimée à 3,3% en 2020 et à 3,4% en 2021, contre respectivement 3,4% et 3,6% précédemment. Ce n’est donc pas l’euphorie mais un mieux par rapport à 2019. Les opérateurs s’en contentent, très certainement grâce à l’augmentation des liquidités par les banques centrales américaine et européenne. Les fameuses tensions sur le marché monétaire outre-Atlantique, apparues en septembre dernier, se sont apaisées, ce qui témoigne de l’amélioration graduelle des réserves excédentaires déposées par les banques auprès de la FED. La BCE a tenu sa première conférence de presse de l’année, sans modifier ses taux directeurs et poursuivant ses achats d’actifs, au rythme mensuel de 20 milliards d’euros. Ces mesures bénéficient au crédit, dont les spreads restent contenus. C’est sans aucun doute un facteur de stabilité, où les taux bas des obligations d’entreprises, bien notées ou non, rendent les actions attirantes, grâce à des rendements supérieurs, même si celles-ci sont désormais bien valorisées. Les dividendes 2019 versés en 2020 sont en grande partie connus et permettent de faire patienter les actionnaires en attendant d’y voir plus clair.