C’est la crise sanitaire. L’épidémie du COVID-19 est devenue une pandémie mondiale. Après la Chine avec succès, l’Italie, l’Espagne et la France ont adopté des mesures de confinement. Les Etats-Unis vont suivre à l’image de la Californie. Les gouvernements ont donc « déclaré la guerre » en optant pour la seule mesure réellement efficace en l’absence de traitement. Ce choix se fait au prix d’une récession. Après le tourisme, le transport aérien et l’évènementiel, quasiment tous les secteurs vont être plus ou moins fortement impactés. Un malheur n’arrivant jamais seul, le désaccord entre l’Arabie Saoudite et la Russie, sur la réduction de leur production de brut, a entraîné une chute des cours du Brent de presque 60% sur ses plus hauts annuels. Ce contre-choc pétrolier, pourtant favorable aux pays importateurs, a déstabilisé le crédit de notation « high-yield ». Les producteurs américains de gaz de schiste sont menacés de faillite. Le prix de vente (proche des 25 dollars pour le WTI) est descendu largement en dessous de leurs coûts de production, évalués aux alentours de 50 dollars. En même temps que les actions, c’est le « sauve qui peut » de ce type d’obligations. Par répercussion et dans une moindre mesure, ce phénomène se répand également aux créances de bonne qualité de notation dite « investment grade ». C’est la peur que celles-ci soient dégradées en « high yield ». Selon Refinitiv Lipper, 35,6 milliards de dollars ont quitté les OPC investis sur ces titres cette semaine. Ceci se passe dans un environnement où la liquidité se raréfie sur les marchés, du fait du désendettement des acteurs financiers et, entre autres, du confinement des opérateurs. Cela accentue la volatilité et engendre les fortes baisses des actifs risqués.
Dans cette phase de forte aversion au risque, où vont les flux ?
Toute crise a ses causes, ses conséquences, ses remèdes, ses spécificités et un nom. Celle que nous vivons a été baptisée « Grande Crise du Covid-19 » ou en anglais « Great Covid-19 Crisis (G.C.C.) ». Les investisseurs ont perdu leurs repères, car c‘est la première fois que nous vivons une quarantaine généralisée dans une économie mondiale fortement globalisée. Une des particularités de cette phase boursière est la baisse des valeurs dites de refuge (or et dettes souveraines) en même temps que les actifs risqués. Ce n’était pas le cas dans les précédentes récessions de 2008 et de 2001. Si le métal jaune est victime des ventes forcées des hedge funds, pour payer leurs appels de marges sur leurs positions perdantes, les dettes souveraines souffrent des énormes plans de relance annoncés par les États. On a peur des énormes déficits à venir et de la solvabilité de chaque nation. Alors où va l’argent ? Tout simplement en cash ou en monétaire à très court terme. Cette semaine 249 milliards de dollars sont allés dans des fonds investis dans des bons du Trésor américain.
Pour faire face à ce double choc sur la demande et l’offre de l’économie mondiale, les banques centrales ont fortement réagi à l’instar de la FED. Elle vient de baisser ses taux de 150 points de base en 11 jours et en rouvrant toute la panoplie d’achats d’actifs pour débloquer de la liquidité sur le marché interbancaire, sur celui des billets de trésorerie et d’autres types de créances. Les grandes leçons de la crise de 2008 ont été retenues, pour éviter la défaillance d’un acteur financier. C’est un élément de soutien indéniable pour les bourses, en attendant de vaincre l’épidémie du coronavirus, seul facteur de baisse de la volatilité à court terme.