En cette semaine de rentrée, commençons cette note par un ton optimiste, l’activité est restée globalement soutenue cet été. Après le choc du printemps, le déconfinement a bien été synonyme de reprise, qui s’est poursuivie en juillet et en août. Grâce aux mesures de soutien des gouvernements et des banques centrales, les courbes des indicateurs PMI, tant scrutées par les investisseurs, ont bien dessiné un « V ». De plus, la saison des résultats du deuxième trimestre a été légèrement meilleure que prévu. Les révisions baissières des bénéfices par action des sociétés se sont donc estompées, même si les analystes anticipent désormais une chute respective de 32% en Europe et de 16% aux Etats-Unis pour 2020. Tous ces éléments expliquent le bon comportement général des marchés, en cette période estivale.
Toutefois, la réalité est beaucoup plus contrastée avec de fortes dichotomies entre les différents pays, les secteurs et les entreprises. La crise sanitaire, qui se prolonge avec une nouvelle résurgence du Coronavirus, laisse des traces durables dans notre quotidien et nos comportements. Cela se traduit par des secteurs favorisés (technologique, télécommunication, consommation non cyclique et santé) et ceux durement touchés (transports aériens, hôtellerie et restauration, loisirs et culture). Dans le haut de la pyramide des bénéficiaires se trouvent les champions de la digitalisation et des plateformes de livraison par internet. Ce sont les poids lourds de l’indice Nasdaq (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google). Cela comprend évidemment les fournisseurs des entreprises tels que Microsoft, SalesForce et Zoom. La plupart de ces acteurs vont connaître un exercice record en 2020. Ce segment de la cote a emballé les investisseurs. Ainsi, l’indice Nasdaq 100 a enchainé les records historiques pour clôturer le 2 septembre avec une progression de plus de 43% en devise locale depuis janvier. Malgré la nette baisse de 4,96% du 3 septembre, la performance reste positive de l’ordre de 35%. De l’autre côté du spectre, on trouve le transport aérien, dont le trafic est toujours en baisse de 60% depuis le début de l’année. Les familles sont bien parties en vacances, mais en voiture, comme en témoigne les chiffres des péages d’autoroute, proches de ceux de 2019. Le tourisme vert a été très recherché, tandis que celui des grandes villes a été délaissé, selon le niveau toujours faible des réservations dans les hôtels et sur Airbnb dans la capitale. Même au sein d’un secteur comme la cosmétique, le port du masque a entraîné un effondrement des ventes de rouges à lèvre et une augmentation de celles des mascaras. Les entreprises doivent donc s’adapter à ces tendances plus longues, en privilégiant les produits favorisés et en réduisant leur périmètre touché. Les entités, qui ont bénéficié du chômage partiel jusqu’à maintenant, n’ont pas d’autre choix que de licencier pour survivre. Après le rebond de la consommation des ménages, l’incertitude sur une poursuite de la dynamique se pose. Les gouvernements doivent donc adopter de nouveaux plans de soutien. La France vient de lancer une nouvelle série de mesures pour 100 milliards d’euros. Les économistes, toujours à la recherche de pédagogie, résument la situation en utilisant des lettres de l’alphabet. Après le terrible « V » que nous venons de vivre depuis 6 mois, il faut éviter un épouvantable « W ». Les nouvelles aides visent donc les plus vulnérables pour ne pas accentuer le « K » actuel, avec quelques secteurs en croissance et le reste en nette décroissance.