Ce fut une surprise pour les investisseurs en ce début de semaine : les nouvelles restrictions sanitaires adoptées en Europe. Auparavant, la progression du coronavirus se traduisait par une simple augmentation statistique du nombre de cas positifs, majoritairement asymptomatiques. Dorénavant, quasiment un million de citadins en Espagne, ainsi que des bars et des restaurants en France sont respectivement interdits de se déplacer ou d’ouvrir librement. Le dur retour à la réalité entraîne la colère des dirigeants d’entreprises concernés avec celle de leurs élus locaux. Pour ces derniers, la situation actuelle ne justifie pas les décisions prises qui ruinent l’économie.
Pour les pouvoirs centraux, la vision est à moyen terme et non immédiate. L’expérience de ce printemps a démontré que le pic hospitalier a été atteint un mois après le confinement. Il faut donc se projeter et anticiper l’évolution de l’épidémie sur plusieurs semaines. Le nombre d’hospitalisations et de patients en réanimation dans les Bouches-du-Rhône a franchi dernièrement un seuil d’alerte pour Paris. À titre préventif, il faut à tout prix faire décélérer cette courbe pour éviter tout risque de crise sanitaire. La saturation, même localisée, de nos hôpitaux est un risque politique inenvisageable pour les États. Voici l’explication des nouvelles mesures prises qui pourraient localement être durcies. Ce sera au cas par cas et, de ce fait, nous sommes très loin d’un nouveau confinement généralisé. L’avenir dira si tout ceci était indispensable ou non.
Malheureusement, ces actions arrivent au mauvais moment, dans un contexte où les données macroéconomiques faiblissent. Ainsi, les dernières publications des indices PMI Markit dans la zone euro ont été décevantes, surtout dans les services. Celui-ci est ressorti à 47,6, et repasse donc en-dessous de 50, le seuil de contraction de l’activité. La France, avec une donnée à 47,5, est plus touchée que l’Allemagne (49.1). Après une éclaircie cet été, les nuages s’accumulent sur plusieurs secteurs du tertiaire, notamment ceux du voyage, de l’hôtellerie et de la restauration. Le spectre d’une rechute, avec une courbe en « W », angoisse les marchés financiers. Toutefois, la nation de Goethe s’en sort beaucoup mieux que ses voisins, avec un secteur manufacturier qui continue de croître selon ce même indicateur PMI Markit (56,6 en septembre contre 52,2 en août), soit le niveau le plus élevé depuis août 2018. Cette tendance est confirmée par le climat des affaires IFO, qui augmente en septembre à 93,4 contre 92.5 précédemment. Le fait d’être une destination moins touristique est un avantage certain.
Ce phénomène de ralentissement est moins marqué outre-Atlantique. Les mêmes indices Markit de septembre évoqués précédemment sont mieux orientés. Ainsi, celui des services s’affiche à 54,6 en légère baisse contre 55 en août. Le PMI manufacturier continue sur sa lancée à 53,5 contre 53,1 auparavant. Les données recensées par l’université du Michigan ont même surpris positivement. Le sentiment des consommateurs, les conditions actuelles et les attentes sont respectivement à 78,9, 87,5 et 73,3. Néanmoins, nous sommes très loin des niveaux d’avant crise, ce qui témoigne d’une certaine forme d’inquiétude, liée à un niveau de chômage relativement élevé. Les nouvelles demandes d’allocations chômage à 870 000 rappellent que le combat n’est pas gagné. La situation politique est incertaine à quarante-cinq jours de l’élection présidentielle américaine. De surcroît, le Congrès n’arrive pas à se mettre d’accord pour prolonger les mesures de soutien au sans-emplois. C’est un élément supplémentaire, avec celui du coronavirus, qui accroît la volatilité des marchés.