C’est un nouveau rebondissement dans la course présidentielle, à un mois de l’échéance électorale. Le président des États-Unis a été testé positif au SARS-CoV-2. Dans la foulée, un foyer de 17 personnes contaminées a été identifié à la Maison-Blanche. Cette annonce illustre, selon nous, le déni du port du masque et de la distanciation sociale prôné par le camp des Républicains. Du côté des Démocrates, Joe Biden, surnommé « l’endormi » par son adversaire, mais partisan de mesures plus précautionneuses, n’a pas été contaminé. Le doute subsiste, si Donald Trump était contagieux, lors du débat entre les deux prétendants le mardi précédent.
Dans tous les cas, la gestion de la crise pandémique par l’actuel pouvoir est plus que controversée. L’ironie a donc voulu que les principaux chefs d’États, ayant sous-estimé le coronavirus, ont pour la plupart été touchés par la Covid-19. Au rang des malades malgré eux, figurent également Boris Johnson et le Brésilien Jair Bolsonaro. Il est encore trop tôt pour savoir si un mouvement de sympathie, similaire à ces deux dirigeants, sera aussi fort pour le président sortant. Toutefois, les paris sur la probabilité de sa victoire, le 3 novembre, ont fondu de 10 % pour s’établir à 35 %. Cependant, les électeurs ne sont pas les parieurs et il est encore prématuré de décréter sa réélection définitivement compromise.
Étant un sujet à risque de 74 ans et en surpoids, le locataire de la Maison Blanche fait l’objet de toutes les attentions. Après avoir été mis temporairement sous oxygène vendredi, celui-ci est parti pour l’hôpital militaire Walter Reed de Washington. Tout a été fait pour déjouer le taux de fatalité controversé de 3,4 %, évoqué par l’Organisation Mondiale de la Santé. La première surprise a été l’injection d’un cocktail expérimental d’anticorps, élaboré par l’entreprise Regeneron. En début de semaine, cette dernière avait publié des données cliniques sur 275 patients non hospitalisés, montrant une réduction de la charge virale comparée à un placebo. Toutefois, ce remède n’est toujours pas approuvé par la FDA, l’autorité règlementaire. Une fois de plus, le milliardaire déjoue les standards et restera comme le célèbre 276ème sujet. Plus surprenant, ses médecins lui ont prescrit également le Remdisivir de Gilead, censé accélérer la récupération des personnes atteintes d’une forme sévère, ainsi que de la dexaméthasone. Depuis une étude britannique nommée « Recovery » publiée en juillet dernier, ce corticoïde est utilisé pour ses propriétés anti-inflammatoires et a été efficace pour les malades ayant besoin d’oxygène et le plus souvent sous ventilation mécanique. Cela alimente encore plus la polémique sur l’état de santé de Donald Trump. C’est donc dopé que le numéro un est rentré au palais présidentiel.
Cela contraste avec sa première décision de ne pas signer la loi sur le plan de stimulus fiscal adopté par la Chambre des Représentants à majorité Démocrate. En procédant de cette manière, il retire à court terme du tonus à l’économie américaine. Quelques heures auparavant, Jerome Powell, le président de la FED avait demandé au Congrès de tout faire pour faire passer un plan de relance robuste. Un support trop faible conduirait, selon lui, à une reprise trop faible, provoquant des difficultés indésirables pour les ménages et les entreprises américaines. Même si cette semaine a été également marqué outre-Atlantique par des indicateurs ISM meilleurs que prévu et des PMI révisés à la hausse dans la zone euro, la situation reste toutefois précaire. Dans un contexte d’augmentation des restrictions sanitaires, les banquiers centraux demandent aux gouvernements d’en faire plus.