Les investisseurs retrouvent le sourire. La performance des marchés boursiers ce dernier mois restera dans les annales. Ainsi, l’indice CAC 40 vient de connaitre sa plus forte progression (+20,1 %) depuis février 1988 (+24,47 %), soit depuis plus de trois décennies ! Ce fort rattrapage permet à l’indicateur parisien d’afficher une baisse plus modérée de 6,43 % (hors dividendes) depuis le début de l’année. Décidemment, nous vivons une période hors norme à cause de la pandémie mondiale liée au SARSCoV-2, synonyme de montagnes russes sur les marchés financiers. La crise sanitaire, avec le premier confinement, a provoqué une chute des actions et un plus bas annuel de -37 % au 18 mars dernier. Cette secousse est assez cohérente avec les précédentes récessions financières de 2008 et de 2002 dont le bilan final était négatif respectivement de 42,7 % et de 33,7 %. Alors que nous connaissons une deuxième vague en Europe, des restrictions partielles et une rechute de l’activité économique, surtout dans les services, la contreperformance nuancée des actifs risqués est à ce jour inespérée. Nous pouvons remercier les réactions rapides des banques centrales et des États, avec des injonctions importantes de liquidités et des plans de relance massifs. Ces mesures cumulées ont permis de maintenir, tant que possible, les actifs de production en état et de préserver le potentiel de croissance pour des jours meilleurs. Il fallait un déclic, c’est chose faite avec l’arrivée imminente de vaccins efficaces contre le coronavirus.
Et maintenant ?
Il est tentant d’alléger ses positions après cette remonté brutale des actifs risqués. En 1988, le mois de mars suivant le plus fort rebond de l’histoire s’était soldé par une baisse de 8,61 % de l’indice CAC40. Tout dépend donc de l’horizon de placement de l’investisseur. Si ce dernier avait eu raison de couper à court terme ses positions à la fin du mois de février, il est fort probable que celui-ci ait raté la forte hausse de 30 % au cours du trimestre suivant ! Il faut donc avoir une vision à plus long terme. Malgré l’appréciation substantielle récente, il reste, selon nous, un potentiel de progression non négligeable. Nous avons dans l’édito précédent détaillé le scénario de sortie de crise adopté par le consensus. Il s’agit d’une reprise modeste début 2021, suivi d’une accélération au cours de deuxième trimestre et du troisième trimestre. Cette reprise est associée avec une nette amélioration des profits des entreprises. Par conséquent, dans un monde où les taux réels des pays souverains sont négatifs, le coût d’opportunité est quasi nul et la patience permet, plus que jamais, de gommer la volatilité à court terme. C’est également l’explication de l’insensibilité des opérateurs aux récent chiffres macroéconomiques. Le marché a bien digéré cette semaine la publication de l’indice PMI composite de novembre de la zone euro en nette baisse à 45,1 (soit en récession), car celui-ci était conforme aux attentes, et que le marché anticipe une forte hausse de cet indicateur ce prochain semestre. Trois facteurs exogènes essentiels sont à surveiller. Il s’agit d’une issue favorable sur les négociations sur le Brexit, d’un nouveau programme d’achats d’actifs de la BCE et d’un nouveau plan de relance, même modeste, aux États-Unis avant l’investiture du nouveau président. Le succès des campagnes de vaccination, avec à la clé la fin des confinements en 2021, malgré un virus toujours actif, sera le dernier catalyseur qui permettra de transformer l’essai de ce mois de novembre historique.