C’est un chiffre qui fait froid dans le dos. Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), l’équivalent de 255 millions d’emplois à temps plein (ETP) ont été perdus en 2020 dans le monde, avec une pointe à 525 millions, au cours du confinement stricte du deuxième trimestre. Encore plus impressionnant, ce cataclysme est environ quatre fois plus important à celui enregistré pendant la crise financière de 2008- 2009 ! Les pertes en revenus du travail sont évaluées par cette agence internationale à la somme colossale de 3 700 milliards de dollars, soit 4,4 % du PIB de 2019. Après le tragique bilan humain non définitif (qui a dépassé le cap des deux millions de victimes), le choc économique (PIB mondial en 2020 en baisse de 3,5 % et de 9 % pour la France, selon le FMI), s’ajoute le volet social avec des conséquences lourdes pour les foyers touchés.
Chaque statistique nécessite d’être disséquée. Heureusement, ce ne sont pas 255 millions de personnes qui se sont retrouvées au chômage. Les mesures de soutien des États ont permis d’amortir ce tsunami. Toutefois, l’équivalent de 33 millions de personnes à taux plein sont désormais à la recherche d’un nouveau travail. Quasiment 81 millions aurait glissé vers l’inactivité. Pour 2021, les prévisions sont encore dans le rouge, avec une baisse de 3 % des heures travaillées dans un scénario central, soit 90 millions d’emplois à temps plein. Comme toujours, la crise frappe différemment et plus durement les femmes, les jeunes et les employés précaires. La dichotomie est encore plus perceptible selon les secteurs avec l’hôtellerie, la restauration, les arts et spectacles, le commerce et la restauration en plein marasme. Ce sont les pays à revenu intermédiaire inférieur qui ont souffert, le plus généralement situés en Amérique Latine, en Inde et en Turquie. Il est donc urgent de sortir de ce goulot d’étranglement dans laquelle nous nous trouvons depuis un an.
Le marché corrige cette semaine, car les opérateurs comprennent qu’il faudra être un peu plus patient pour vaincre la pandémie actuelle. Le scénario de forte reprise en Europe est repoussé au second semestre, plutôt qu’au deuxième trimestre. Les vaccins sont notre première arme réellement efficace, mais ceux-ci doivent être massivement administrés pour assurer un début d’immunité collective, susceptible d’empêcher de nouveaux confinements. Les variants britannique et sud-africain seront suivis par d’autres et signifient que le SARS-Cov-2 ne sera pas éradiqué de sitôt. Nous connaîtrons d’autres épisodes épidémiques, qui ne devraient pas saturer nos hôpitaux, si nos stratégies vaccinales fonctionnent, et au fur et à mesure que la population s’immunise d’elle-même. Pour le moment, c’est le manque de doses qui décale les restrictions de mobilité, avec à la clé un nouveau confinement qui nous guette.
Outre-Atlantique, la mini vague bleue se heurte actuellement à la résistance du Sénat. Cependant, un nouveau plan de relance finira par être adopté prochainement. La saison des résultats a bien débuté. A ce jour, plus de 78 % des publications ont été supérieures aux estimations, en ce qui concerne les bénéfices par action. Toutefois, l’attention du marché se recentre sur 2021. Même si le scénario de ce début d’année est plus morose qu’auparavant, Israël et le Royaume-Uni devraient la majeure partie des mesures sanitaires d’ici mars et les États-Unis d’ici le printemps. Le Vieux Continent, même en retard, serait libéré pour cet été. Alors, ne désespérons pas et restons patients.