Jerome Powell était attendu au tournant par les marchés ce jeudi 4 mars, lors d’une conférence virtuelle. Les investisseurs souhaitaient des actes et non plus des paroles rassurantes. Ils ont été déçus par l’absence de nouvelle mesures proposées par le président de la FED. La conséquence a été immédiate. Les marchés obligataires viennent de connaître un deuxième jeudi consécutif difficile, avec une hausse du taux à 10 ans de 8 points de base, après celle de 18 points de base la semaine dernière. Ce mouvement a entraîné une repentification de la courbe des rendements américains, entre ceux à 2 ans et ceux à 10 ans, à plus de 140 points de base, soit un plus haut depuis décembre 2015. Certains souhaitaient la mise en place d’une politique de contrôle d’écart de taux d’intérêt mais les institutions monétaires ont choisi de maintenir leur rhétorique accommodante sans agir davantage. Le terme « patient » a été utilisé. Pourquoi ?
Tout simplement parce que la FED détient quasiment 5 000 milliards de dollars d’obligations souveraines et en achète 120 milliards de dollars tous les mois. Elle estime en faire suffisamment, pour le moment, et ne souhaite pas bruler ses dernières cartouches, dans un contexte de taux réels négatifs et de reflation, alimentée par un déficit fédéral gigantesque. La balle est désormais dans le camp de la BCE, qui se réunira le 11 mars, avant la prochaine réunion du FOMC américain, le 17 mars. Cet attentisme, a fait chuter les valeurs technologiques de plus 2% dans la séance, dont la performance sur l’année 2021 est désormais passée en territoire négatif. La compression des multiples des valeurs chères, par effet d’actualisation à un taux plus élevé est bien réelle.
Pourtant, plusieurs points importants du discours devraient rassurer les opérateurs. Les mots « augmentation transitoire de l’inflation », utilisés avec ceux de « taux maintenus quasiment à zéro jusqu’au retour du plein emploi », devraient rassurer les investisseurs. Le tout avec la phrase « L’économie a encore un long chemin avant de retrouver le niveau d’avant crise. », confirment un scénario de reprise progressif sans durcissement monétaire. C’est un contexte historiquement porteur pour les actifs risqués, malgré des soubresauts à court-terme liés à la hausse des taux longs.
Cette amélioration graduelle de l’activité est illustrée par les indicateurs publiés cette semaine outre Atlantique. Ainsi, les commandes de biens durables ont augmenté de 3,4% en janvier, avec des chiffres ISM et PMI manufacturier en février en progression, à 60,8 et 58,6. C’est la même tendance en Europe, avec l’amélioration des PMI manufacturiers, des services et composite dans la zone euro. Cette tendance s’est produite en France, en Espagne et en Italie, pays où l’indice PMI composite est repassé au-dessus du seuil d’expansion de 50, à 51,4. Malgré des restrictions sanitaires toujours d’actualité, cette résistance de l’économie, en attendant la monté en puissance de la vaccination, nous laisse espérer des jours meilleurs. Alors soyons également patients !