Ce candidat démocrate, quasi-octogénaire, semblait manquer de souffle pendant la campagne présidentielle. « Joe l’endormi », comme le surnommait son principal adversaire, a donné une toute autre image au cours de son début de mandat en tant que 46ème président des États-Unis. Certains médias le surnomment même « speedy Joe ». N’allons pas jusque-là, même s’il compte déjà deux petites victoires à son actif. La première concerne sa gestion de la crise sanitaire avec, à ce jour, plus de 200 millions de doses de vaccins administrées, alors qu’à ce stade, l’objectif initial était de 100. Désormais, 55 % des adultes américains ont reçu au moins une injection, permettant de juguler une quatrième vague tant redoutée. La seconde a été presqu’une simple formalité, avec l’adoption, le 10 mars dernier, d’un plan de relance de 1 900 milliards de dollars. Toutefois, cette mesure était souhaitée par l’ensemble de la classe politique selon le terme « bipartisan » et ne peut donc être attribuée à Joe Biden lui-même.
Les choses sérieuses commencent. Pour cette date symbolique des cent premiers jours, le récent locataire de la Maison-Blanche a voulu marquer le coup par un discours fortement médiatisé. Cette foisci, c’est une nouvelle enveloppe de plus de 1 800 milliards de dollars baptisée « American Family plan », en complément de celle de 2 300 milliards de dollars concernant les infrastructures, révélée fin mars et baptisée « American Job Plan ». La véritable bataille parlementaire est engagée, avec une opposition républicaine farouchement opposée aux hausses d’impôts prévues sur 10 ans, pour financer partiellement ces dépenses supplémentaires. Une seule voix perdue au Sénat dans le camp démocrate suffit pour faire échouer les ambitions initiales. Des compromis devront être trouvés d’ici mai et cet automne pour avancer.
Cette actualité a totalement occulté la conférence de presse de Jerome Powell du mercredi 28 avril. La FED a maintenu sa politique ultra accommodante et a continué de qualifier de transitoire la hausse d’inflation, qui devrait dépasser provisoirement l’objectif à moyen terme des 2 %. Ces propos, cumulés à ceux du président américain expliquent le rebond des principaux taux souverains de la planète dès le lendemain. La problématique de la hausse des prix devrait persister encore plusieurs mois, car le cours de certaines matières premières continue de flamber, à l’image du cuivre, dont le niveau symbolique des 10 000 dollars la tonne a été atteint ce jeudi. Il s’agit d’une première depuis début 2011. Les entreprises doivent donc ajuster leur politique commerciale et les investisseurs doivent également intégrer ces nouveaux paramètres de coûts dans leurs modèles de prévisions de marges et de cash-flows.
Cette ambiance de reprise se fait dans un contexte où les résultats du premier trimestre des sociétés continuent d’être excellents. Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ont été sous les projecteurs cette semaine et celles-ci ont publié un chiffre d’affaires et un bénéfice net trimestriel cumulé impressionnant de 322 et 74 milliards de dollars respectivement. Apple, Google et Microsoft ont décidé de gâter davantage leurs actionnaires avec 160 milliards de dollars de rachats d’actions supplémentaires. Un élément fondamental pour la bonne tenue de ces titres, même si dans l’ensemble, ces bons chiffres ont été déjà anticipés par le marché. D’une manière générale, les opérateurs ont pris leurs profits sur les publications. Serait-ce le prélude d’une prochaine consolidation, malgré un environnement toujours favorable aux actions ?