Après avoir subi la pandémie du SARS-CoV-2, le rentier survivra-t-il à l’inflation ? La hausse des prix aux États-Unis, sur un an glissant, atteint désormais 5% en nominal et 3,5% pour l’indice de base (hors alimentaire et énergie). Ces données sont en hausse de 0,8% sur avril et supérieures aux attentes de 0,3%. Ce sont les chiffres les plus élevés depuis respectivement juin 2008 et juin 1992. L’essentiel de cette progression est lié au logement, aux biens, dont les véhicules d’occasion et aux services de transport. Quoi qu’il en soit, c’est le second mois consécutif d’un chiffre élevé et bien au-dessus de l’objectif de la FED (proche de 2%), qui devrait en théorie la contraindre à réagir, lors de sa réunion de la semaine prochaine. Pour autant, le discours des institutions monétaires a été rassurant sur le sujet, insistant sur le phénomène temporaire de cette hausse des prix. C’est également le ton donné par la BCE ce jeudi, au cours de la conférence de presse de politique monétaire. Sa présidente, Christine Lagarde, a insisté sur le caractère transitoire de l’inflation actuelle, tout en relevant l’estimation de celle pour 2021 en zone euro à 1,9%. La prévision de croissance a été également révisée à la hausse à 4,6% contre 4% précédemment. Nous sommes bien rentrés dans une phase de reflation, avec des taux d’intérêt réels négatifs et des grands argentiers accommodants. C’est un scénario plutôt favorable aux actions. L’énigme est la faible réaction des marchés obligataires à ces deux évènements pourtant défavorables. Même si la FED n’intervient pas actuellement, elle devra prochainement modifier son discours pour annoncer une diminution de ses achats d’actifs, qui pourrait débuter d’ici la fin de l’année. Le rendez-vous du mercredi 16 juin sera donc très attendu par les financiers.
En attendant, le président américain a annoncé la fin des aides fédérales exceptionnelles aux ménages pour septembre. Il faut dire que le pays vivait une situation atypique où plus de 11 millions de personnes bénéficiaient de ces mesures, alors que 9 283 000 offres d’emplois étaient disponibles en avril. Cette décision va accélérer la reprise économique, dégripper le marché du travail et donc freiner la hausse actuelle des salaires. Il s’agit d’un composant important du coût des services. La baisse prévue de l’inflation ne fait aucun doute. Les inconnues restent la durée de son caractère exceptionnel et de sa future tendance à long terme. Un écartement à la hausse de la fameuse cible des 2% constituerait une menace pour les marchés. Les banques centrales vont donc devoir faire preuve de patience plusieurs mois pour voir leur scénario se concrétiser.
En attendant, les investisseurs prudents ont subi une érosion monétaire de leur épargne de 5% depuis un an. Ce phénomène lié à l’inflation les oblige à placer leur épargne dans des actifs plus risqués, ce qui explique le bon comportement des actions et de l’immobilier.