Comme toutes les fins d’année, l’emploi du temps des familles est bien chargé. Après avoir dégusté leur traditionnelle dinde de 13 kilos la veille, les Américains vont commencer leurs achats de Noël ce vendredi de « Black Friday », en se ruant dans les magasins ou sur internet pour profiter des supers promotions. Les Européens ne festoient pas encore, mais seront épris également d’une fièvre acheteuse similaire pour initier leurs emplettes. En France, on devrait trouver de beaux présents sous le sapin, puisque 160 milliards d’euros dorment sur les comptes courants. À moins que les difficultés de la chaîne d’approvisionnement mondiale ne privent nos enfants de leurs futurs jouets préférés. Pour les faire patienter, ils vont commencer à ouvrir quotidiennement une case de leur calendrier de l’Avent dès ce dimanche 28 novembre. Une surprise les attendra chaque jour. En caricaturant, les investisseurs devraient subir à peu près le même rythme d’évènements inattendus avant les fêtes.
Cette année, les financiers n’ont pas pu profiter entièrement du repas traditionnel de Thanksgiving. Au moment du digestif, ils ont dû abandonner femme, parents, enfants et animaux pour retourner devant les écrans. C’est le sacrifice des traditions ancestrales en faveur de l’hyper connectivité ! Le coupable est tout trouvé : le nouveau variant sud-africain baptisé « B.1.1.529 ». Au-delà de ce nom scientifique barbare pour le commun des mortels, les opérateurs ont retenu l’essentiel. Il s’agit d’une version du SARS-CoV-2 encore plus contagieuse que la souche delta, avec une protéine de pointe qui comporterait jusqu’à 32 mutations, potentiellement capable d’échapper aux vaccins actuels. C’est la panique chez les scientifiques et sur les marchés ! L’OMS devrait se réunir rapidement et classer cette nouvelle souche en tant que variante préoccupante (VOC). En cas d’inefficacité des vaccins actuels (car ils sont basés sur la souche originale), de nouvelles études d’immunogénicité (mesures du niveau d’anticorps) vont commencer en décembre, conformes aux exigences règlementaires. Techniquement, on peut avoir un booster disponible en février, selon les procédures d’urgence en vigueur.
Il est donc trop tôt pour crier à la fin du monde et il convient de rester pragmatique. Nous sommes mieux armés pour affronter cette alerte sanitaire qu’en mars 2020, avec des vaccins utilisant des mécanismes d’actions différents (virus inactivé, vecteur viral, protéine recombinante et ARN messager), des traitements à base d’anticorps et d’antiviraux. Nous disposons également de toute une panoplie d’outils de diagnostic et de séquençage inexistante 18 mois auparavant. Cette nouvelle inquiétude intervient en fin d’année, avec des marchés proches de leur record historique, donc essoufflés et vulnérables. Cette nouvelle phase de forte volatilité qui s’ouvre était notre scénario pour les dernières semaines avant la trêve des confiseurs. Celui-ci est donc renforcé. Il faut s’attendre, ces prochains jours, à toute une batterie de nouvelles contradictoires. Il est donc trop tôt pour dire si la baisse des marchés d’aujourd’hui constitue une réelle opportunité.