C’est un nouveau paradoxe des marchés financiers. Alors que la vague déferlante Omicron fait exploser le nombre de contaminations quotidiennes à des niveaux inédits, les investisseurs se sont mis à vendre massivement les valeurs favorisées par la pandémie, pour acheter celles pénalisées par les contraintes sanitaires. Tout se passe comme si la crise épidémique était derrière nous, dans un monde de nouveau ouvert comme auparavant. Ainsi, la première semaine de l’année a été douloureuse pour les titres de sociétés technologiques, de vaccins, de diagnostics, et porteuse pour ceux des sociétés du tourisme, exposés au cycle économique et aux financières. Pourtant, la dure réalité à court terme est oubliée, malgré les 2 528 784 cas quotidiens recensés dans le monde le 5 et le 6 janvier (332 252 en France ).
Pourquoi une telle rotation sectorielle intervient au moment d’un tel pic épidémique ?
Les raisons sont multiples. Tout d’abord, même si les occidentaux ont sous-estimé la fulgurante contagiosité du variant Omicron, les premières études scientifiques semblent montrer que cette souche du virus est moins dommageable sur les poumons et que les vaccins nous protègent contre les formes sévères. Le marché est donc persuadé que ce tsunami ne se traduira pas par une vague de décès proportionnellement importante, malgré une nette hausse des hospitalisations, toujours plus proches de la saturation. L’effet volume sera certainement plus fort que celui de la réduction de la dangerosité. Ensuite, les investisseurs pensent que cette vague sera plus courte que les précédentes et sera suivi d’un rebond marqué prochainement. Aux ÉtatsUnis, l’indicateur ISM des services de décembre est en nette baisse à 62 contre 69,1 en novembre. Toutefois, le gisement de croissance est encore important, en témoigne les fortes créations d’emplois du mois dernier à 807 000, soit le chiffre le plus élevé depuis mai selon l’ADP.
Le dernier facteur ayant contraint les opérateurs à réagir est sans aucun doute le discours de plus en plus musclé de la FED, en témoigne les minutes de la dernière réunion des gouverneurs (FOMC) publiées cette semaine. Les membres évoquent pour la première fois la nécessité de réduire le bilan de la banque centrale rapidement après avoir entamé un début de cycle de hausse des taux directeurs, dans la foulée de la fin du « Tapering ». Cette triple action serait un net durcissement de sa politique monétaire vers plus de neutralité et la fin de la période ultraaccommodante. Les gestionnaires de portefeuilles doivent en tenir compte en vendant des actifs sensibles à une hausse des taux longs, notamment les obligations et les très chères actions de valeurs de croissance, en faveur des cycliques et des financières moins onéreuses. Ils anticipent un scénario de croissance mondiale forte, avec à la clé un rebond supplémentaire des bénéfices, venant contrer l’effet négatif d’une contraction des multiples de valorisation, provoqué par des taux d’intérêt plus élevés. Nous vous souhaitons donc une excellente année 2022, qui s’annonce passionnante et pleine de surprises.