Les investisseurs ont de nombreux nouveaux paramètres à intégrer, positifs comme négatifs. Tout d’abord, la déferlante Omicron pèse davantage à court terme, mais ouvre la voie à une ère dite endémique, où l’impact du coronavirus serait de moins en moins néfaste pour l’économie. Ensuite, on assiste à une forte demande des biens et des services, vouée à s’accélérer, mais bridée par la pénurie des composants et des perturbations dans toute la chaîne mondiale d’approvisionnement. À cela, s’ajoute un nombre record d’emplois toujours non pourvus par des salariés qui se sont retirés, provisoirement ou non, du marché du travail.
Ce déséquilibre va contraindre les employeurs à augmenter les salaires, et rajouter de l’huile sur le feu d’une inflation persistante, et non plus transitoire. Ce phénomène gonfle davantage le coût des intrants et finit par rogner les marges des entreprises incapables de répercuter cette hausse sur leurs tarifs. Et enfin, on assiste à des banques centrales qui ont perdu patience et qui ont décidé de normaliser leur politique monétaire à un rythme beaucoup plus rapide que dans le passé. Ce dernier facteur est très certainement celui qui perturbe le plus les marchés actuellement, avec à la clé une forte rotation sectorielle, déjà évoquée maintes fois, mais qui prend une plus forte ampleur depuis le début de l’année. Devant autant d’éléments contradictoires, les financiers ont besoin de nouveaux repères.
La saison de la publication des résultats du 4ème trimestre 2021 est censée les éclairer et leur donner le cap à suivre. Celle-ci vient de commencer. À ce jour, 60 des 500 constituants de l’indice S&P500 ont publié et 75% des sociétés ont battu les estimations des analystes concernant leur bénéfice par action. Toutefois, les mauvaises surprises sont plus fortement sanctionnées. Ainsi, la réaction négative d’un titre au lendemain d’une déception (-1,44%) a été en moyenne trois fois supérieure en valeur absolue à celle d’une surprise positive (+0,44%). Cela signifie que la prise de risque ne paye pas. Qu’en est-il des perspectives pour 2022 ? Les estimations des bénéfices par action pour cette année ont pour le moment été modérément révisées à la hausse (+0,2%). La prudence est donc de mise dans ce contexte si particulier. Les dirigeants d’entreprises cotées ne veulent pas s’engager. Il existe bien entendu des exceptions qui deviennent des capitulations. Ainsi, Netflix a annoncé ce jeudi 20 janvier après la clôture, un dernier trimestre au-dessus des attentes en termes de profitabilité. Cependant le cours de l’action dans les transactions hors séances s’effondrait de presque 20%. La raison se trouve dans les prévisions de revenus inférieures aux attentes pour ce trimestre, et surtout dans la croissance du nombre de téléchargements payants (streaming), estimée à 2,5 millions contre 6,26 millions par les analystes. On ne peut pas prétendre être une valeur de croissance et décevoir à ce niveau de valorisation (40 fois les bénéfices estimés de 2022 avant la publication). Dans ce cas précis, ce n’est pas la faute de la banque centrale qui se voit accusée de tous les maux depuis le 1 er janvier, mais bien d’un facteur opérationnel. Le fondamental est donc bien le critère principal de performance boursière pour cette année. Les valeurs du luxe se distinguent une fois de plus, après les résultats de Richemont, meilleurs que prévus.