Était-ce le chant du cygne, avant une baisse plus prononcée ? L’indice Nasdaq Composite vient de rebondir de 8% en dollar, depuis le 27 janvier dernier, mettant fin à une correction précédente de 15% en 3 semaines, initiée en ce début d’année. Les bons résultats de Microsoft et les annonces anticipées de durcissement monétaire de la Fed, dans un marché dit « survendu », ont été très certainement les détonateurs de cette hausse salutaire. Ce rebond a pris fin ce jeudi 3 février, avec la chute de 26% du titre Meta Platforms (ex-Facebook), après une déception sur la publication de ses bénéfices. Comme pour Netflix auparavant, c’est le nombre d’abonnés qui inquiète les investisseurs. Cette déception a entraîné tout le secteur, provoquant une forte baisse quotidienne de l’indice star des valeurs technologiques de 3,74%.
Fort heureusement, les belles performances opérationnelles d’Amazon sont censées renverser la tendance ce vendredi 4 février.
Tous ces évènements créent de la volatilité sur ces valeurs, et donc nuisent à court terme sur ce segment de la cote, qui a été la vedette incontestée ces dernières années. Ils interviennent, de surcroît, dans un contexte défavorable, avec des banques centrales plus restrictives dans leur politique monétaire. Ainsi la Banque d’Angleterre vient de remonter ses taux directeurs de 0,25%, avec une volonté forte de faire davantage, puisque 4 de ses membres souhaitaient agir de 0,50%. La BCE vient d’annoncer la fin de son programme d’urgence pandémique d’achats d’actifs (PEPP) en mars, tout en maintenant celui baptisé «APP». Toutefois, ce dernier est voué à être réduit progressivement de 40 milliards d’euros au deuxième trimestre à 20 milliards d’euros à partir d’octobre. Si Christine Lagarde a bien précisé que l’institution resterait flexible et pouvait ré-augmenter ses achats d’actifs, à tout moment en cas de nécessité, on sentait bien au cours de la conférence de presse que le processus d’une normalisation monétaire était enclenché, sans exclure une prochaine hausse des taux d’ici la fin de l’année.
Ce nouveau cycle de renchérissement du coût de l’argent, couplé à une valorisation très élevée, rend l’indice Nasdaq vulnérable et très sensible à l’évolution des profits, dans une tendance de compression des multiples (cours sur profits ou « PER » en anglais). Si à cela, on rajoute une baisse des profits par rapport aux anticipations, on assiste à un double choc, qui se traduit par de violentes chutes de cours, comme pour Netflix et Meta Plateforms. Les fameux « GAFAM » (pour Google, Apple, ex Facebook, Amazon et Microsoft) – désormais rebaptisé « GAMAM », du fait du changement de nom de Facebook – sont les 5 piliers du secteur et leur solidité est indispensable pour soutenir l’ensemble de ce segment de la cote. À la suite de la saison des résultats du 4ème trimestre 2021, des fissures sont apparues dans les fondations, sans ébranler tout le bâtiment. L’indice Nasdaq 100 se paye un peu plus de 25 fois les profits de 2022, retrouvant le niveau de début 2020. On a donc effacé en grande partie une période de la survalorisation. Il vaut mieux, pour le moment, de se contenter de rester actionnaire de sociétés ayant délivré de bonnes nouvelles financières et de rester à l’écart du reste des valeur technologiques, car le cycle de hausse des taux longs n’est pas encore achevé.