Ce mercredi 16 mars, un nouveau cycle de hausses de taux a été initié outre-Atlantique. La FED a augmenté ses taux directeurs de 0,25%, ouvrant ainsi une nouvelle ère de durcissement monétaire (la quatrième depuis l’an 2000 et la onzième depuis le premier choc pétrolier de 1973). Ce changement, tant redouté, était largement anticipé par les marchés et n’a pas altéré la forte reprise initiée depuis quelques séances. Pourtant la banque centrale n’a pas caché ses intentions de poursuivre et d’accélérer le mouvement. Désormais, la prévision médiane des taux directeurs par ses membres se situent à 1,9% fin 2022 et à 2,8% fin 2023, soit respectivement 1% et 1,2% de plus qu’en décembre. L’ambiance est même au « monte qui peut », puisque son président, Jerome Powell, a confirmé sa volonté de renforcer davantage et dès que possible ce mouvement. On se dirige donc vers un scénario musclé de sept relèvements pour cette année. Une perspective qui n’affole pas les investisseurs pour le moment, puisque l’institution est très en retard par rapport à l’inflation de base, qu’elle estime dorénavant à 4.1% et à 2,6% pour 2022 et 2023. Finalement, on se rapprocherait d’une politique qui vise plutôt la neutralité monétaire, que la restriction économique.
L’autre explication de la bonne tenue des bourses, dans un environnement technique survendu où les cours intégraient une légère récession, se trouve du côté de la Chine. Avec la résurgence de l’épidémie du coronavirus, plusieurs régions ont subi des reconfinements stricts. La crainte de nouvelles ruptures de la chaine d’approvisionnement mondiale a fait plonger la bourse de Hong Kong de presque 12% en trois séances, au cours du 11, 14 et 15 mars. S’en était trop dans un pays où le capitalisme n’est adopté et toléré que s’il contribue à servir les intérêts de l’État. Il a suffi d’un communiqué du Comité de stabilité financière et de développement du Conseil des Affaires d’Etat, après une réunion spéciale pour étudier la situation économique actuelle et les problèmes liés aux marchés de capitaux, pour retourner la situation. Le fait que Liu He, membre du Bureau politique du Comité central du Parti Communiste Chinois, le vice Premier ministre du Conseil des Affaires d’État et directeur de la Commission financière, ait présidé la séance, confirme que le pouvoir fera tout pour réussir. Or, la Chine dispose de moyens financiers colossaux non encore épuisés. Ainsi, le ratio dette sur le PIB ressort à moins de 65%, contre plus de 100% aux États-Unis. La banque centrale dispose de plus de 3 200 milliards de dollars de réserves de change et d’un bilan total équivalent à 35% de son PIB, contre 38% pour celui de la FED, et 70% pour celui de la BCE. Contrairement à l’Occident, une relance fiscale et monétaire est donc possible au pays de l’Empire du milieu. Les investisseurs ne se sont pas trompés et la bourse de Hong Kong a rebondi de 16,76% en deux jours, les 16 et 17 mars. Décidemment, la Chine jouera un rôle de plus en plus crucial, tant au niveau géopolitique qu’économique. Cette réalité va s’imposer de plus en plus comme une évidence.