Le vieil adage météorologique se vérifie une nouvelle fois, avec la réapparition de la neige en ce début de printemps. Pour autant, les investisseurs doivent-ils ressortir les écharpes et les moufles après un premier trimestre si volatil ? La statistique répond que non. En effet, historiquement depuis 1990, soit sur les 32 derniers mois d’avril, la performance des marchés actions, en devise locale et hors dividendes, est positive de l’ordre de 2 % en moyenne (CAC40 +2,47 %, S&P500 +1,97 %, STOXX Europe 600 +2,20 %). De surcroît, la probabilité d’enregistrer un gain mensuel est de 3 sur 4 sur cette même période. Alors faut-il rester investi ou profiter d’un rebond, presque inespéré de plus de 11 % en Europe depuis le plus bas du 8 mars dernier, pour alléger les positions ?
La question est complexe, car les performances passées ne présagent pas des performances futures ! Il est intéressant de souligner que la dernière fois que l’indice CAC40 a connu une perte mensuelle en avril, c’était en 2012 (-6,16 %), lorsque l’Europe était encore empêtrée dans la crise grecque. Cette année-là, la croissance du PIB a été négative de 0,90 % en zone euro et à peine positive de 0,30 % en France. La chute s’était poursuivie au cours du mois suivant (-6,09 %). On revient donc toujours aux mêmes fondamentaux : la bourse évolue en fonction des anticipations de croissance des résultats entreprises, qui varient selon l’évolution de l’activité économique.
Actuellement, il est extrêmement difficile de prédire ces deux paramètres, avec un conflit en Ukraine qui fait flamber le cours des matières premières et accentue davantage la pénurie des biens produits. À ce titre, les estimations des bénéfices par action pour 2022 réalisées par les analystes financiers n’augmentent plus depuis la mi-mars et commencent même à s’effriter, car les marges risquent d’être sous pression. Pour que les marchés aillent plus haut, il faut que cet indicateur reprenne le chemin de la hausse, surtout dans un contexte de tension sur les taux longs. On en saura plus à l’issue de la saison de publications de résultats du 1 er trimestre, qui commencera réellement à partir du 11 avril. Ce sera l’occasion pour les sociétés d’ajuster leurs anticipations annuelles. Entre temps, et sans éléments plus concrets, le scénario le plus probable est une tendance indécise des indices dans un environnement volatil.
L’autre inconnue concerne le futur comportement des consommateurs dans un environnement de baisse du pouvoir d’achat. Vont-ils puiser dans leur épargne, qui s’est accrue depuis la crise sanitaire, ou se serrer la ceinture ? Actuellement, on ne peut que constater que leur confiance baisse sensiblement en Europe. Ainsi, ces indicateurs sont au plus bas depuis février 2021 en France et en Allemagne. Il est donc trop tôt pour s’emballer, même si historiquement en cette saison, il faut rester investi.