C’est le désarroi chez les investisseurs américains, l’indice vedette des valeurs technologiques a perdu 27 % en dollars depuis le début de l’année dont 6 % cette semaine. Cette chute n’épargne pas les valeurs vedettes, avec des baisses de 73 % pour Netflix, 40 % pour Amazon et 24 % pour Microsoft. Les cryptomonnaies sont éclaboussées, avec une baisse de 38 % pour le bitcoin en 2022, et de 57 % depuis son record historique (le 10/11/2021). C’est une véritable boucherie pour les plus fragiles d’entre elles (Terra -99 %, Gala -93 %). Plus de 12 000 cryptomonnaies ont été recensées récemment, en revanche certains experts prédisent qu’il n’en existera plus qu’une dizaine à moyen terme. C’en est donc fini de l’euphorie, de l’argent facile, de la spéculation déconnectée de la réalité économique.
Le coupable est tout trouvé : la Fed et son durcissement monétaire, provoquée par une forte inflation, plus persistante qu’initialement prévue. Les banques centrales veulent reprendre la main sur la hausse des prix et l’emballement des monnaies virtuelles, qui leur font concurrence et peuvent rendre leurs actions moins efficaces.
Cette situation me rappelle la période de l’éclatement de la bulle internet en l’an 2000, après une période faste, où des valeurs technologiques valaient, dès leur introduction en bourse, plusieurs fois leur valorisation estimée par les analystes. Du jour au lendemain, des jeunes entrepreneurs, à peine trentenaires, devenaient milliardaires, bien que leur société n’ait jamais dégagé de bénéfices. La fin de cette euphorie s’est traduite par des cours de bourse qui sont passés de 100 à moins de 2 dollars. Certains clients ont perdu la quasi-totalité de leur épargne miraculeusement accumulée durant la période faste. Ils croyaient faire une bonne affaire en achetant ces titres après une correction de 30 %, et en renforçant plusieurs fois par la suite au cours de cette descente aux enfers. Certains avaient même investi leurs derniers euros, avant de tout perdre comme au casino !!
Aujourd’hui, nous vivons la fin de la survalorisation des valeurs de croissance, qui corrigent leur excès de valorisation, accumulé ces dernières années, avec la conjonction de la baisse des taux, de la pandémie et d’un afflux de liquidités. Le premier conseil que l’on peut donner est de ne surtout pas investir dans des entreprises qui perdent de l’argent ou qui ne sont pas viables, uniquement parce que leur cours de bourse a dévissé par rapport à leur plus haut. En revanche, en cette période de disette, les clients qui savent constituer dans le temps un portefeuille de belles valeurs de qualité, dont l’activité est prometteuse et durable, comme ce fut le cas entre 2001 et 2003, peuvent connaître de belles performances par la suite. Certes aujourd’hui, nul ne sait où s’arrêtera la baisse des actions dans un contexte, où les derniers chiffres d’inflation en avril aux États-Unis (8,3 % en nominal et 6,2 % de base sur un an glissant) sont toujours élevés. Les investisseurs anticipent une poursuite du durcissement monétaire et une période de faible croissance, voire de récession, provoquée par une baisse sensible de la consommation liée à une perte de pouvoir d’achat. Des flux sortants importants ont été enregistrés la semaine dernière aux États-Unis sur toutes les classes d’actifs. Toutefois, la clé en bourse est d’investir méthodiquement et dans la durée sur des titres de qualité, dont l’activité est vouée à croitre et à dégager des profits pour ses actionnaires.