Alors que le pic d’inflation est peut-être passé aux États-Unis, il semble être plus persistant en Europe. En effet, la nouvelle accélération des prix en mai a d’abord concerné l’Espagne et l’Allemagne lundi, avant de se confirmer en France et en Italie mardi. Ainsi l’Europe, à l’instar des États-Unis, passe la barre symbolique des 8 % d’inflation en rythme annualisé avec toutes les composantes à la hausse, alimentant la spéculation des investisseurs et mettant par conséquent une pression supplémentaire sur la Banque Centrale Européenne pour resserrer sa politique monétaire de façon plus importante que les deux hausses annoncées par Madame Lagarde.
Le consensus au sein des membres de l’institution s’accorde à ce jour pour des hausses graduelles de 25 pb en juillet et en septembre, mais il semblerait néanmoins que quelques voix s’élèvent tout de même en faveur de hausses plus conséquentes, de l’ordre de 50 pb, et pour un taux neutre plus proche de 2 %, à l’instar de M. Kazimir (gouverneur de la Banque de Slovaquie). Dans ce contexte et en cas de confirmation de niveaux d’inflation plus fort qu’anticipés en Europe, la BCE pourrait se retrouver contrainte à agir de façon plus agressive et les taux souverains atteindre de fait des niveaux plus élevés à horizon fin d’année.
Pendant ce temps aux États-Unis, la viceprésidente de la Fed, Mme Brainard, déclare qu’elle considère comme raisonnable une hausse des taux de 50 pb lors des deux prochaines réunions de la Fed et ne voit aucune raison de soutenir une pause dans les hausses de taux prévues pour septembre. L’exercice est difficile pour les banques centrales, qui doivent respecter leur mandat de stabilisation des prix sans pour autant faire dérailler l’économie. La théorie veut qu’en relevant les taux d’intérêt, la demande se réduise et limite ainsi l’appréciation des prix. C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui aux États-Unis, mais la situation européenne est plus complexe, car la hausse des prix est liée à un choc d’offre, notamment exacerbé par le conflit en Ukraine. L’Union Européenne a annoncé qu’elle interdira les importations de pétrole russe par voie maritime aux cours des six prochains mois, soit environ deux tiers des volumes. Cette baisse devrait être compensée par une production plus importante par les pays de l’OPEP, qui ont annoncé une augmentation de 650 000 barils par jour en juillet, puis de la même ampleur en août. L’Arabie Saoudite cède ainsi à la pression américaine sans pour autant froisser la Russie, avec une réaction des cours du pétrole qui reste modérée.
Parmi les autres faits notables de la semaine, on notera les propos de Jamie Dimon, le patron de la banque américaine JP Morgan, qui estime que nous allons faire face à un « ouragan » économique et qu’il vaudrait mieux s’y préparer. Au Royaume-Uni, les festivités battent leur plein pour le jubilé de platine de la reine Elizabeth II. Le 6 février 1952, à seulement 26 ans, Elizabeth apprenait lors d’une visite officielle au Kenya que son père, le roi George VI, venait de succomber à un cancer. Elle signe ainsi le plus long règne de l’histoire de la Grande-Bretagne et du Commonwealth, et reste le chef d’État de 15 pays (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande et 10 pays des Antilles et du Pacifique).