C’est le début du mois de juillet et beaucoup d’investisseurs s’apprêtent à partir en vacances pour oublier les marchés financiers. Et pour cause, les actions mondiales et les obligations américaines ont connu leur pire premier semestre depuis 1974 en dollar, selon les indices MSCI World Total Return (-18%) et Bloomberg US Treasury Total Return Unhedged USD (-9.1%). Les actifs gagnants ont été le dollar (+8% contre l’euro), les matières premières et les actions du secteur de l’énergie. Parmi les grands perdants, on retrouve le Nasdaq qui signe le pire premier semestre de son histoire (-29% en dollar). La prudence est de mise, car les liquidités dans les portefeuilles sont au plus haut depuis plusieurs décennies. Elles resteront probablement au frais tout l’été, rangées précieusement à côté de la glace, car c’est le seul actif financier, dont on connaît aujourd’hui la valeur en septembre. Dans cette ambiance lourde, les marchés resteront volatils car ils ne sont pas en congés.
L’inflation, la croissance, les banques centrales, la pandémie et la géopolitique resteront les sujets des conversations des longues soirées d’été. Les principales échéances sont connues, mais leurs conséquences demeurent inconnues, et peuvent faire basculer les marchés dans un sens comme dans un autre. Une chose semble désormais acquise : les économies occidentales ralentissent fortement et les données d’activité sont pires que prévu, comme en témoigne les indicateurs de surprises économiques en territoire largement négatif. Pour beaucoup d’entre-nous, la récession est proche ou déjà d’actualité. Du coté de l’inflation, ce mal sévit toujours en Europe, et plus particulièrement en Espagne, où l’indice des prix à la consommation de juin est ressorti en hausse de 10,2% sur un an glissant, soit un plus haut depuis 1985. Les banques centrales seront donc actives et devraient relever leur taux d’au moins de 0,25% le 21 juillet pour la BCE, et de 0,50% à 0,75% le 27 juillet pour la FED. Ces actions sont déjà anticipées par les investisseurs, mais seront sources de stress, car dans un environnement où l’aversion au risque est élevée et la consommation en volume baisse (-0,4% en mai au États-Unis) . Tout dépendra de la détermination des grands argentiers à poursuivre leur durcissement monétaire à la rentrée. Un mot de trop et les marchés peuvent mal interpréter des nouvelles hausses de taux pour combattre l’inflation, et faire définitivement basculer les économies en récession.
Dans cette ambiance où quasi-tout le monde est pessimiste, il nous semble opportun de noter un facteur déterminant. Les taux longs se sont calmés et surtout les anticipations d’inflation commencent à baisser (2,35% à 10 ans contre 2,80% le 10 juin dernier), entraînant une baisse des taux réels américains sur des maturités de 4 à 10 ans. Ce fait nous incite à acheter des valeurs de croissance dans les éventuelles phases de baisse de cet été, car la fin de la phase de contraction des multiples de valorisation est proche, surtout si on redoute une récession. Dans ce contexte, le luxe est à privilégier, et pourrait profiter du redémarrage de la Chine, après la politique zéroCovid. De facto, une partie de la cote va soutenir les indices. Il sera intéressant de relever les compteurs à la rentrée, mais nous sommes peutêtre à l’aube d’une rotation sectorielle à l’inverse de celle du premier semestre.