Après un pic atteint en juin à 9,1 % aux États-Unis, l’inflation semble marquer le pas et ralentir à 8,5 % en juillet. L’inflation cœur (hors éléments volatils), quant à elle, reste stable à 5,9 % en rythme annualisé. Toute l’attention sera par conséquent centrée sur les chiffres à venir et qui seront publiés la semaine prochaine outre-Atlantique. On peut néanmoins acter, du moins temporairement, que le resserrement monétaire opéré par la Fed commence à porter ses fruits, mais cela ne sera pas sans risque sur la croissance en 2023. Le président de la réserve fédérale américaine, J. Powell, a d’ailleurs réitéré lors de son discours au symposium de Jackson Hole sa volonté forte de lutter contre l’inflation au détriment de la croissance, laissant entrevoir des moments douloureux à venir pour les sociétés et le consommateur américains. Sa référence aux précédents historiques des années 70 a ancré dans les esprits la nécessité de rester durablement dans une situation avec des taux directeurs élevés pour réduire le risque de retour des pressions inflationnistes. Il n’en fallait pas plus pour finir de cristalliser les inquiétudes des investisseurs. Ainsi, le marché opte de plus en plus pour une hausse de 0,75 % du taux directeur de la Fed lors de sa réunion prévue le 21 septembre, et sur au moins 0,50 % supplémentaire à horizon fin d’année. En Europe, l’inflation a continué de surprendre à la hausse à l’instar des chiffres publiés mercredi dernier : 9,1 % au mois d’août en rythme annualisé après 8,9 % en juillet et 8,6 % en juin. Ainsi, la BCE, après une hausse surprise de 0,50 % en juillet est attendue par le consensus avec un mouvement de la même ampleur lors de sa réunion du 8 septembre. Cependant, de plus en plus d’intervenants penchent là aussi pour une hausse d’ampleur égale à celle aux États-Unis, à savoir 0,75 %. Au moins 1 % de remontée supplémentaire est anticipée par les investisseurs à fin 2022 sur le Vieux Continent.
Une partie de la hausse des prix des biens de consommation provient de leur coût de production. Or ces coûts de production sont en augmentation depuis deux ans, avec une accélération sur les 12 derniers mois liée au coût de l’énergie, qui a plus que doublé en moyenne sur la période. Le prix de l’électricité a été multiplié par 10 en un an pour atteindre 850 euros / MwH lundi dernier (cours EPEXSPOT). La raison de cette flambée provient du mécanisme européen de fixation du prix de l’électricité : la règle est que le tarif de l’électricité ne doit jamais être inférieur au coût de production de n’importe quelle centrale en Europe, donc au prix de revient de la dernière source d’électricité mobilisée pour répondre à la demande. Or il s’agit souvent des centrales à gaz dont le prix a flambé avec le conflit ukrainien. Cette situation ubuesque pourrait être réglée simplement en modifiant la règle, ce à quoi devraient s’atteler les dirigeants européens lors d’un prochain sommet. En France, cette hausse ne se voit pas du fait du bouclier tarifaire en vigueur jusqu’à la fin de l’année, mais certains de nos voisins européens ont vu leur facture doubler ou tripler. Un ajustement du système européen pourrait donc être un premier pas vers une baisse des coûts de production et de l’inflation en général.
Les matières premières semblent avoir repris le chemin de la baisse, et devraient permettre à l’inflation de ralentir au cours des prochains mois. Cette vision comporte toutefois plusieurs risques : le redémarrage de la Chine pourrait supporter la demande, et la crise énergétique risque de mettre à l’arrêt une partie de la production européenne et limiter l’offre. Enfin, les aléas climatiques plaident en faveur d’une poursuite de la hausse des produits agricoles.