C’est parti. La saison des résultats du 3ème trimestre a débuté sous les meilleurs hospices. Des sociétés comme LVMH et Publicis en France, et SAP en Europe ont ainsi vu leur cours de bourse s’apprécier après leur annonce. Il faut souligner que notre champion français et leader mondial du luxe a révélé une croissance organique de ses ventes de 20% sur un an, toujours tirée par les États-Unis (23%) et l’Asie hors Japon (+29%). Par répercussion, les autres titres du secteur (Hermès et Kering) en ont profité. Ces chiffres sont rassurants et expliquent, en partie, la bonne tenue des marchés cette semaine. Pourtant, rien n’est joué car, pour le moment, seuls les bons élèves sont passés au tableau.
Dans la problématique actuelle de hausse des prix des matières premières, Il est encore trop tôt pour affirmer si toutes les sociétés seront en mesure de maintenir leurs marges ces prochains mois. Les cancres n’ont sans doute pas encore rendu leur copie !
Néanmoins, ne soyons pas défaitistes et réjouissons-nous de ce bon début, car le luxe est un secteur important dans la pondération de l’indice CAC40 (18%). Les prévisions de bénéfices pour l’année 2021 sont sans doute préservées, mais qu’en est-il de celles pour 2022 ? Il semble qu’après avoir plafonné en août et en septembre, les estimations de profits pour l’année prochaine repartent légèrement à la hausse. Si la tendance se poursuit et s’accélère d’ici la fin des publications, cela ferait taire les stratégistes les plus pessimistes.
Toutefois, les nouvelles d’Outre-Atlantique sur l’inflation ne sont pas rassurantes, avec une progression de l’indice des prix à la consommation de 5,4% en septembre et sur un an glissant. Ce chiffre est en hausse par rapport à celui d’août (5,3%) et supérieur aux attentes. L’indice de base hors alimentaire et énergie ne faiblit pas non plus à 4% et les prix de beaucoup de composants de cet indicateur continuent d’être orientés à la hausse. Temporaire selon les banques centrales, l’inflation semble plutôt persister. D’ailleurs, la FED a abandonné dans ses minutes publiées cette semaine le terme transitoire. Elle fera probablement le 3 novembre son annonce officielle de réduction des achats d’actifs (tapering), avec un effet quasi-immédiat, qui constituera un test pour le marché obligataire. Curieusement, les taux longs se sont calmés depuis plusieurs séances, malgré l’absence de répit sur le dérapage des prix et le cours du pétrole (brent), qui s’approche du niveau des 85 dollars. L’explication est technique : une partie des fonds dits « momentum » ont auparavant spéculé sur la baisse des obligations et auraient racheté leurs positions pour prendre leurs profits. Malgré tout, il est important de noter que les anticipations d’inflation à 10 ans aux États-Unis ont logiquement continué de s’apprécier à 2,53%, s’approchant du point haut annuel en mai (2,57%). Ce mouvement a fait baisser les taux réels à -1%, entraînant une vague d’achats vers les valeurs de croissance et la bonne tenue des indices actions. En résumé, le comportement à court terme des marchés est dicté principalement par quatre facteurs (crise sanitaire, dynamique des profits, hausse des taux longs, forte progression du cours des matières premières), sur lesquels des éléments positifs ont été publiés cette semaine. Il est sage de ne pas crier victoire prématurément, car des énergies fossiles plus coûteuses sont synonymes de croissance plus faible pour de nombreux pays. Sur ce sujet, le FMI vient de réviser à la baisse ses prévisions pour l’année 2021, avec une augmentation du PIB mondial de 5,9% en 2021 et de 4,9% en 2022, à cause des ruptures d’approvisionnement. Toutefois, celles-ci devraient s’estomper progressivement l’année prochaine. Alors gardons espoir ! William Shatner, ex-star de « Star Trek », vient de repousser les limites en effectuant un vol spatial à l’âge de 90 ans. Chapeau bas!