La COP26, ou « Conference of the Parties 26 », s’est terminée le 13 novembre. Deux semaines de discours et de promesses pour finalement aboutir au Pacte de Glasgow. Pour certains, comme Barbara Pompili, cette COP26 est un succès. Mais pour Shauna Aminath, ministre de l’Environnement des Maldives, « c’est une condamnation à mort ». La montagne at-elle encore accouché d’une souris ? Chacun interprètera le Pacte de Glasgow comme il le souhaite, mais il est faux de dire que cela ne sert à rien. Les COP apportent un cadre et donnent des impulsions, c’est à partir de cela que doit découler l’action climatique. La COP26 constituait une étape importante dans le calendrier de l’accord de Paris signé en 2015. Tous les pays qui y avaient participé devaient en effet actualiser leurs objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2030. Et dans leur majorité, ils l’ont fait. Malgré tout, les promesses c’est bien, les actions c’est mieux. Alors que retenir de cette COP26 ?
C’était l’un des objectifs les plus importants de cette COP26 : le financement des États en voie de développement. Cette aide annuelle de 100 milliards est prévue depuis 2009, et d’après le dernier bilan réalisé par l’OCDE, il manque 20 milliards de dollars sur les 100 promis par les pays développés. Comment leur expliquer qu’il n’y a pas d’argent, alors qu’on a trouvé des centaines de milliards de dollars depuis que la Covid a menacé nos économies depuis janvier 2020 ? Pour rappel, ces pays auront besoin de trillions de dollars pour financer l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Et pourtant, le communiqué final indique que les engagements complémentaires pris durant la conférence ne permettent pas de répondre entièrement à ces besoins. En ce sens, cette conclusion ne peut pas être vue autrement que comme un échec dont on ne peut pas se satisfaire. Pour reprendre en partie les mots de l’ancien Président de la République Jacques Chirac, « notre maison brûle et nous regardons » … l’Inde. En effet, la presse occidentale a immédiatement et quasi unanimement pointé du doigt l’Inde pour avoir changé à la dernière minute les termes du Pacte de Glasgow, passant d’une « élimination progressive » de l’énergie au charbon à une « réduction progressive ». Cependant pourquoi accuser l’Inde de tous les maux, alors qu’ils ont des émissions par habitant très faibles et une dépendance régionale très forte au charbon. De plus, sermonner l’Inde de la sorte alors qu’ils ne sont responsables que de 3% des émissions historiques, venant des États-Unis et de l’Europe, c’est pour le moins culotté.
Au sortir de la COP26, le ciel n’est pas complètement sombre. Lors des précédentes COP, les pays ne s’étaient pas mis d’accord sur l’article 6 de l’accord de Paris à savoir les règles permettant de mettre en place le dispositif d’échange de quotas d’émission. Les principaux points de blocage (risque de double comptage, intégrité du mécanisme) ont pu être levés. L’avancée est importante, car l’émergence d’un prix du carbone permettrait d’accélérer les réductions d’émissions de GES. Reste à concrétiser cette avancée. En août dernier, le GIEC avait mis l’accent sur l’importance de réduire les émissions de méthane. Dans le rapport final de la COP26 il est enfin mentionné, et c’est une première historique. Réduire les émissions de méthane est l’une des actions ayant l’impact le plus rapide sur le réchauffement. Chaque tonne rejetée a un pouvoir de réchauffement bien plus élevé que le CO2 . L’Agence des Nations unies pour l’Environnement (UNEP) estime qu’une action de réduction précoce permettrait de réduire de 0,3°C le réchauffement global d’ici 2050. L’initiative jointe USA/UE réunit plus de cent pays qui se sont engagés à réduire d’au moins 30 % leurs émissions de méthane d’ici 2030. Même si certains gros émetteurs manquent à l’appel, comme la Russie, et que l’agriculture semble avoir été oubliée de cette COP (pour rappel d’après le GIEC et la Commission Européenne, l’agriculture représente 23% des émissions mondiales de GES, et près de 11% des émissions en Europe), cela reste une bonne nouvelle au profit de la lutte contre le réchauffement climatique. Nous noterons aussi la bonne surprise que fut la reprise du dialogue entre la Chine et les Etats-Unis, qui comptent encore à eux deux pour 40% des émissions mondiales.
Finalement, libre à chacun de voir le verre à moitié vide ou à moitié plein, l’essentiel étant d’être conscient qu’aucun miracle ne viendra d’une COP. La solution ne viendra pas d’un milliardaire qui promet pour le climat un dixième des impôts qu’il n’a pas payés, mais elle proviendra de la mobilisation de chacun, à revoir notre façon de consommer, de se déplacer et de notre capacité à envisager réellement un futur durable.