La volatilité est de retour. Le coupable est tout trouvé : le nouveau variant Omicron, classé par l’OMS, souche préoccupante (Variant Of Concern). C’est la panique sur les marchés, qui ont décroché respectivement de 3,96% et de 4,31% pour les indices CAC40 et Euro Stoxx 50 sur la semaine. Les valeurs sensibles aux potentielles restrictions de mobilité sont nettement impactées (Airbus, Air France, Vinci et ADP). La menace est-elle sérieuse où assistons-nous à une surréaction ?
Restons factuels : les données en provenance de Johannesburg alertent : plus de 80% des nouveaux cas sont dus à Omicron. Ce mutant est donc hautement contagieux, sur une population jeune et non vaccinée, et a bien le potentiel de devenir la forme dominante en 2022, comme l’était le dénommé delta en 2021. L’autre inconnue est sa dangerosité. Des scientifiques se montrent rassurants, en évoquant des formes légères observées avec peu d’hospitalisations. Il est trop tôt en réalité pour connaître ses ravages sur le long terme. Le point clé pour les investisseurs et les gouvernements est l’efficacité des vaccins. La stabilité des actifs financiers en dépend. Compte tenu du nombre élevé de mutations observées, il faut s’attendre à une nette baisse du niveau de protection des formulations actuelles visant la protéine de pointe. Cela devrait se traduire par une forte chute du niveau d’anticorps neutralisants observés sur des sérums contaminés. Nous le saurons d’ici une quinzaine de jours. Toutefois, les infectiologues gardent espoir avec la troisième dose et son effet multiplicateur (jusqu’à 8 fois le niveau induit d’anticorps à celui observe après la deuxième dose). Une perspective qui laisse espérer une prévention contre les formes graves. C’est une forte possibilité à laquelle nous adhérons, avec une réserve qui concerne la durabilité. Dans le cas contraire, le salut viendra du booster spécifique, disponible sous 100 jours selon BioNtech/Pfizer. Dans ce scénario, il faudra revoir les prévisions de croissance du prochain trimestre et modifier les allocations d’actifs. L’inflation est l’autre inconnue pour les marchés.
Jerome Powell a créé la surprise en annonçant que l’adjectif transitoire n’était plus approprié. Une volte-face dans la communication de la Fed depuis 6 mois. S’agit-il d’une capitulation, synonyme d’un durcissement monétaire plus prononcé en 2022 ? Pour le moment, deux hausses de taux sont anticipées pour l’année prochaine. La prochaine réunion du 15 décembre sera donc cruciale pour clarifier les intentions de la banque centrale et sa vision sur la hausse des prix à moyen terme.
Dans ce contexte, le moral des investisseurs est en berne, avec une forte baisse des haussiers et une progression des baissiers. Ce sentiment est accentué par la fin d’année et la volonté de préserver les gros gains acquis, après l’enchaînement de records historiques. Ce repli sur soi-même peut s’avérer être regrettable en cas de reprise des marchés. Un dilemme que nous abordons avec pragmatisme. Notre gestion doit s’adapter en fonction de critères objectifs. Aujourd’hui, nous disposons d’une panoplie beaucoup plus large dans l’arsenal de la lutte anticovid que celle en mars 2020, malgré les variants.