C‘est bien connu, « l’espoir fait vivre ». Le rebond de cet été était principalement basé sur la dépendance possible du cycle actuel de hausses des taux aux données économiques, comme expliqué par Jerome Powell et Christine Lagarde, lors des conférences de presse de mi-juin. Les investisseurs faisaient preuve alors d’un pessimisme extrême, caractérisé par une allocation prudente dans les portefeuilles. Les mauvais chiffres économiques renforçaient cette thèse. Contre toute attente, les ours sont soudains sortis de leur tanière estivale, malgré l’environnement difficile, dans l’espoir d’une fin proche du cycle de hausses des taux. Ils se sont mis à acheter massivement des valeurs de croissance, mettant fin à une importante contraction des multiples de valorisation sur ce segment depuis fin 2020. Ce vent d’optimisme a cessé, surtout depuis l’augmentation de 0,75 % des taux directeurs de la BCE le 8 septembre et un chiffre d’inflation d’août aux États-Unis, publié ce mardi 13 septembre, trop fort au goût des banques centrales. La progression de l’indice des prix (hors alimentation et énergie) accélère de nouveau, pour atteindre +0,6% mensuellement et +6,3% annuellement. Cette tendance ne laisse aucun doute : les institutions monétaires vont poursuivre leurs mouvements, sans fléchir et sans aucun état d’âme, malgré certains indicateurs PMI en-dessous du niveau de 50, qui annoncent une récession. Dorénavant, le marché anticipe une hausse cumulée de 2 % et de 1,75 % des taux directeurs de la part de la Fed et de la BCE d’ici février 2023. Un véritable traitement de choc, difficile à digérer, pour une économie mondiale en nette décélération.
Cette désillusion, ou ce retour à la dure réalité, a provoqué une douche froide sur les marchés, et explique la forte baisse du marché américain ce mardi. En réalité, le mouvement de baisse a débuté modérément mi-août et s’est progressivement amplifié avec le mauvais cocktail de données d’activités dégradées et une rhétorique de plus en plus dure des institutions monétaires. Toutefois, un rebond technique des marchés est possible la semaine prochaine, à l’issue des échéances des dérivés ce vendredi et de la prochaine réunion du FOMC le 21 septembre. Néanmoins et pour le moment, nous nous tiendrons au vieil adage boursier de ne jamais combattre la Fed. Nous préférons attendre la fin octobre, et plus particulièrement les réunions de novembre des grands argentiers, pour augmenter sensiblement le risque dans nos portefeuilles. Nous aurons vraisemblablement, dans six semaines, une meilleure visibilité sur l’évolution de ce cycle de durcissement monétaire.
Alors, faut- il broyer du noir ? Faut-il pencher pour le proverbe belge « Espoir fait vivre, et longue attente fait mourir », ou pour la citation de Sénèque « C’est quand on n’a plus d’espoir qu’il ne faut désespérer de rien » ? Si à court terme les opérateurs de marché sont plutôt d’avis de choisir la première option, nous restons constructifs. En effet, dès lors que les banques centrales seront en mode « pause », nous rentrerons dans une phase penchant pour la seconde option. Les valeurs de croissance qui n’auront pas déçu lors des résultats du troisième trimestre, seront à privilégier. Même si globalement nous restons prudents, nous profiterons au cours de ces prochaines séances des excès de ventes sur quelques titres d’excellente qualité, dont les sociétés sont capables de faire face à cette conjoncture compliquée.