C’est la mobilisation aussi bien en Russie que chez les banques centrales ! Tous ces protagonistes font preuve de détermination, voire d’obstination, dans leur combat. Les premiers, sous l’impulsion de leur président Vladimir Poutine, ont appelé plus de 300 000 réservistes pour consolider les positions récemment conquises en Ukraine, et menacées par la contre-offensive de leur adversaire. L’objectif de Moscou est d’annexer ces régions et d’avertir que toute nouvelle attaque sera considérée comme une agression en provenance de l’extérieur, pour potentiellement faire valoir l’usage de l’arme nucléaire. Les investisseurs, ayant récemment espéré une défaite russe, après le revirement de la situation, devront donc encore patienter. De facto, la prime de risque géopolitique est montée encore d’un cran, rajoutant de la volatilité sur les marchés financiers, surtout en Europe et particulièrement sur l’euro, celui-ci ayant atteint un nouveau plancher contre le dollar inédit depuis 2002 (0,9840$).
Du côté des banquiers centraux, la lutte contre l’inflation bat son plein. Cette semaine, la Fed, la Banque Nationale Suisse et la Banque d’Angleterre ont chacune relevé leurs taux directeurs respectivement de 0,75 %, pour les deux premières et de 0,50 % pour la troisième. Le loyer de l’argent se situe dorénavant dans ces trois pays à 3,25 %, à 0,50 % et à 2,25 %. Le mot d’ordre est le même : ralentir l’inflation, actuellement trop forte et trop diffuse, quitte à sacrifier davantage de croissance. En réalité, on assiste actuellement à un cycle de durcissement monétaire le plus rude depuis les années 80. Outre-Atlantique, la progression des taux atteint désormais 3 % en six mois, soit un rythme deux fois plus rapide que celle de 1994, considérée comme violente. À l’époque il avait fallu un an (de février 1994 à février 1995) à la Fed, pour remonter les taux de 3 % à 6 %. Malheureusement, et contrairement à cette période passée, celle-ci n’envisage pas de s’arrêter là, puisque les prévisions des membres du comité FOMC, en ce qui concerne les rendements des Fed Funds pour la fin de l’année, se situent dorénavant sur une médiane de 4,4 % contre 3,05 % aujourd’hui. C’est un peu plus que ce qu’anticipaient les marchés, d’où le nouveau plongeon des bourses cette semaine dans le sillage du marché obligataire. Cette politique restrictive commence à peser sur certains segments de l’économie réelle, dont celui de l’immobilier, pénalisé par des taux d’emprunts à 30 ans qui avoisinent 6,50 %. Une des conséquences bien visible est la chute des permis de construire à 1,51 millions en août, au plus bas depuis juillet 2020.
Cette situation compliquée met également les États sous pression. Ceux-ci doivent réagir pour restituer du pouvoir d’achat aux ménages. Les mesures sont diverses et variées : bouclier tarifaire sur le prix du gaz et de l’électricité, ainsi que des subventions, comme la remise carburant, sont les principales armes dégainées par les gouvernements, notamment français, pour limiter l’explosion de la facture énergétique. Ces dispositions réduisent l’inflation, comme en témoigne la différence de la hausse des prix sur un an glissant en août entre la France (5,9 %) et l’Allemagne (7,9 %), voire l’Italie (8,3 %). Tout ceci a un coût exorbitant et aggrave sensiblement les déficits. Les nations doivent donc emprunter plus, les contraignant à augmenter leurs émissions de dettes, dans une période où la liquidité se réduit, ce qui accentue la hausse des taux. Nous sommes bien rentrés dans un cercle vicieux, qui milite, à court terme, pour la prudence dans les allocations.