Des marchés actions en hausse de plus de 4 % ce mardi 4 octobre. Le prix des obligations d’État à 10 ans des pays développés qui progressent également de 4 % en trois séances. Ces deux chiffres résument la semaine folle que nous venons de passer, alors que fondamentalement, rien n’a changé et que Crédit Suisse affole les marchés, avec une rumeur d’augmentation de capital. Nous sommes toujours dans un environnement de resserrement monétaire et de ralentissement économique. Alors, pourquoi ce rebond technique se produit-il maintenant ? Nous pouvons trouver deux explications. La première se trouve outre-Manche, après l’intervention de la Banque d’Angleterre le 28 septembre pour stabiliser le marché obligataire en plein krach. Une banque centrale peut donc agir, en cas de besoin, pour stabiliser les taux longs, même pendant un cycle de hausses des taux courts. Cette démarche a fonctionné puisque les achats effectués par cette institution ont été minimes (à peine 4 milliards de livres sterling en une semaine, contre 5 milliards chaque jour envisagés initialement jusqu’au 14 octobre). La seconde raison est que l’extrême pessimiste actuel des investisseurs se traduit par une extrême prudence dans leurs allocations. Tous les gérants ont baissé leurs pondérations actions et leurs durations obligataires dans les portefeuilles !
En réalité, les opérateurs de marchés attendent avec impatience l’instant où les banques centrales se mettront en mode « pause ». De surcroît, leurs anticipations de taux directeurs en fin de cycle sont probablement en phase avec celles de la Fed (4,5 %) et de la BCE (3 %), pour autant que l’inflation se réduise sensiblement d’ici le premier trimestre 2023. Pour illustrer ce qu’il vient de se produire, les athlètes se sont mis dans les starting blocks en plein orage et un faux départ s’est produit ! S’agit-il d’un faux signal d’achats ? Probablement à court terme, car la volatilité sur le marché de la dette est trop forte pour provoquer une vague massive vers les actifs plus risqués. En effet, les circonstances sont bien différentes aujourd’hui, contrairement à celle du 4 mars dernier, deux semaines après l’invasion de l’Ukraine, le jour où l’indice CAC avait bondi de plus de 7 % (soit la plus forte hausse quotidienne de l’année). Certes, les liquidités dans les portefeuilles étaient au plus haut depuis le premier confinement de mars 2020 (comme aujourd’hui). Cependant, à l’époque, la forte baisse conjointe des taux longs et des actions avait entraîné un fort mouvement de rebalancement au profit de ces dernières. Un puissant flux, estimé par certains à plus de 200 milliards de dollars en un mois seulement. Cette masse d’argent frais ne va probablement pas arriver dans l’immédiat, car nous sommes probablement à l’aube d’une récession en Europe. On peut ressentir actuellement que l’appétit se porte sur du rendement fixe. Pendant plusieurs années, nous avons vécu avec des taux négatifs et les dépôts à la banque ne rapportaient rien. La perspective d’avoir un portefeuille d’obligations d’entreprises qui affiche désormais un taux de 4 % à l’échéance semble alléchante pour beaucoup, malgré un potentiel risque de défaut.
Du côté des actions, la hausse fortuite de cette semaine, fait prendre conscience que la baisse des cours était probablement excessive pour certaines de valeurs de qualité, peu endettées et à free-cash flows (flux de trésorerie disponible) élevés comme les valeurs du luxe et de la santé. À trop attendre, on rate de belles affaires et on n’investit pas sur plusieurs semaines, mais à long terme. Il faut rester prudent et éviter les titres les moins liquides et les plus exposés au ralentissement de la conjoncture.