Les cuves sont pleines ! C’est une agréable surprise et un des rares bienfaits du réchauffement climatique qui sévit de plus en plus. L’automne doux, auquel nous assistons, a permis à l’Europe de reconstituer ses réserves de gaz avant l’hiver, malgré le peu de livraisons en provenance de Russie. Le Vieux Continent va-t-il échapper à une crise énergétique, tant redoutée depuis l’invasion de l’Ukraine ? Malheureusement, il est trop tôt pour crier victoire et affirmer que les dieux de la météo ont choisi leur camp dans cette guerre de l’énergie entre Russes et Occidentaux.
Certes, cet épisode de chaleur tardif exceptionnel, comme le qualifie Météo-France, avec des températures dignes d’une fin d’été, a permis à l’Union européenne de reconstituer ses stocks de gaz. Ce phénomène de douceur s’est déjà produit dans le passé (2014 et 2017), mais celui que nous vivons est exceptionnel par sa durée (plus de 15 jours). La conséquence mercantile a été immédiate : le prix du gaz naturel (TTF), livraison au lendemain, est tombé à 28,5€ le mégawattheure le 27 octobre, soit le cours le plus bas depuis juin 2021, après avoir dépassé le niveau des 300 euros cet été. Le taux de remplissage des cuves dépasse désormais 98,5 % en France (contre 91,6 % en moyenne ces 5 dernières années) et atteint même 95,3 % en Allemagne. Au-delà de ces chiffres, il convient de comparer la réserve constituée au nombre de jours moyen de consommation en période hivernale. Ainsi, la Belgique affiche un taux de remplissage de 100 %, ce qui représente à peine 13 jours de consommation. La France compte désormais 72 jours de consommation en réserve, sans aucun flux d’approvisionnement. Idéalement, il faudrait 120 jours pour être sûr de passer l’hiver au chaud. C’est seulement le cas pour l’Autriche, la Slovaquie et la Hongrie. Le niveau actuel quotidien des importations de gaz de l’Union européenne est de 20 à 40 % en-dessous de celui d’avant conflit en période de température froide. Il conviendrait donc de réduire notre consommation de plus de 20 % pour être certain d’affronter cette crise énergétique avec sérénité.
Cette baisse des matières premières énergétiques, est concomitante avec celle des indicateurs économiques. Ainsi, aux États-Unis, les indicateurs PMI d’octobre s’enfoncent bien en-dessous du seuil des 50, correspondant à une contraction de l’activité, aussi bien pour le manufacturier (49,9) que celui des services à 46,6. Cela explique la baisse des taux longs obligataires. Cette tendance est d’autant plus surprenante que les banques centrales ont continué de relever leurs taux directeurs. Ainsi, la BCE vient d’augmenter, ce jeudi 27 octobre, son taux de dépôt de 0,75 % à 1,50 %. Lors de sa conférence de presse, Christine Lagarde a affirmé sa détermination à lutter contre l’inflation, car celle-ci est encore bien trop élevée. Elle a également précisé qu’il faudrait plusieurs séries de réunions pour arriver au taux souhaité. Cette détermination pourrait toutefois faiblir, si les données économiques évoluaient négativement. Les marchés doutent donc de la faculté de l’institution monétaire à parvenir à ses souhaits pour imposer un taux dit terminal au-delà de 3%. Cela explique pourquoi les investisseurs ont acheté la dette allemande à 2,50%.
La saison des résultats se poursuit avec son lot de bonnes et de mauvaises nouvelles. Notons les déboires de certaines valeurs américaines de technologie dont Meta Plaforms. Son titre a perdu 23%, le lendemain de la publication de ses résultats, à cause d’une forte déception sur les revenus publicitaires et un bénéfice par action inférieur aux attentes. Une grande sélectivité s’impose donc.