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Point macroéconomique

Une accalmie bienvenue !

By 31 mars 2023avril 11th, 2023No Comments

Le mois de mars 2023 restera dans les mémoires, avec les faillites de plusieurs banques américaines et le sauvetage de Crédit Suisse, racheté en urgence par UBS. Avec ces évènements, les banques centrales ont modifié leurs priorités, laissant provisoirement de côté la guerre contre l’inflation, pour se concentrer sur le risque d’une contagion de type 2008, pendant la grande crise financière. Leur stratégie a été double : sauver les déposants des banques sinistrées et ouvrir le robinet des liquidités, pour permettre à toutes les institutions de se refinancer, malgré une fuite des dépôts. Le premier bilan provisoire de ces outils mis à disposition est positif. Nous n’avons pas vu de nouvelles victimes depuis 10 jours. Les indicateurs de stress se sont détendus : l’indice de volatilité VIX est repassé en-dessous de 19 % contre un pic au-delà de 30 % le 13 mars. Le bilan total de la Fed a également baissé de 28 milliards de dollars le 29 mars, contre une augmentation 392 milliards de dollars entre le 8 et le 22 mars, liée aux avances octroyées aux institutions financières.

La semaine avait pourtant mal débuté avec un mouvement de panique sur Deutsche Bank, probablement attaquée par des fonds spéculatifs, via des achats massifs de CDS (ou contrats d’échange sur défaut). Ainsi, le prix du contrat CDS à 1 an (qui permet à l’acheteur de se couvrir contre le défaut de Deutsche Bank pour une durée de 12 mois) a bondi à 230 le 27 mars. Cela signifie que certains acheteurs ont payé 2,3 % du nominal pour se couvrir d’un défaut de cet émetteur. Depuis lundi dernier, le prix est repassé endessous de 190, mais se situe bien au-delà du cours de début mars, soit un niveau inférieur à 50. L’Autorité Européenne des Marché Financiers (AEMF), en collaboration avec les régulateurs nationaux, a déclaré mercredi 29 mars examiner les récents mouvements du marché, y compris ceux sur le marché des CDS. La banque est jugée systémique par les régulateurs bancaires.

La situation de Deutsche Bank n’a rien à voir avec celle de Crédit Suisse. Elle est profitable et a réalisé en 2022 un résultat d’exploitation de plus de 5 milliards d’euros, contre une perte opérationnelle avoisinant les 2,5 milliards de francs suisses pour Crédit Suisse. Dans un rapport du 24 mars, l’analyste de JP Morgan, Kian Abouhossein, a mis en avant la solidité bilancielle de l’institution francfortoise. Le ratio de fonds propres (Core Tier 1) est de 13,4 %, avec un excellent ratio de couverture des liquidités (LCR) de 142 %. Cela se traduit par 219 milliards d’euros d’actifs ultra-liquides soit un excèdent de 64 milliards d’euros par rapports aux exigences règlementaires. La ratio des prêts sur dépôts est bas à 79 % et les réserves de liquidités représentent 25 % du total du bilan, un niveau extrêmement important pour contrer les chocs et d’éventuels retraits importants. Tout le monde s’inquiète du portefeuille de crédits immobiliers commerciaux qui totalise 48 milliards d’euros dont 33 sur des biens non saisissables. Le montant de ces crédits par rapport à la valeur des biens (Loan to Value) est au maximum à 61 %, selon l’analyste, ce qui démontre une fois de plus, la politique prudente de la banque.

Néanmoins, il restera un avant et un après la faillite de SVB (Silicon Valley Bank), en matière d’allocation d’actifs. Auparavant, les stratèges privilégiaient les valeurs cycliques et le secteur bancaire dans les portefeuilles pour capter la reprise liée au déconfinement en Chine et celle post-flambée des prix énergétiques en Europe, le tout avec une remontée des taux. Dorénavant, les financières et les cycliques sont moins recherchées, au profit des défensives (notamment dans la santé) et des valeurs de croissance. Néanmoins cette accalmie est la bienvenue et démontre qu’il est toujours possible de faire de bons achats, de qualité, dans des marchés baissiers.

En attendant, les États membres de l’Union européenne se sont accordés, ce jeudi 30 mars, pour quasiment doubler la part des renouvelables dans le mix énergétique européen d’ici à 2030, soit 42,5 %.