La publication des résultats de LVMH cette semaine met une nouvelle fois en lumière l’industrie du luxe et ses paradigmes. Certains médias attirent l’attention sur le fait que la fortune de Bernard Arnault a bondi de 12 milliards le jour de la publication, attisant probablement le mépris/l’incompréhension d’une partie de la population, considérant LVMH comme un symbole d’injustice. Pourtant, ce fleuron de l’industrie française devrait susciter de la fierté. Sur les 270 marques de luxe présentes dans le monde, près de la moitié sont françaises. Le luxe est souvent associé à la France en raison de sa longue histoire dans le domaine de l’artisanat et de la mode. Depuis le Moyen-Âge, les artisans français ont été reconnus pour leur excellence dans les métiers d’art, tels que la joaillerie, la maroquinerie, la couture, la parfumerie et la gastronomie. La France est également connue pour son sens de l’esthétique, de l’élégance et du raffinement, qui se reflète dans son style de vie, sa mode et son art de vivre. De grands noms du luxe français tels que Chanel, Louis Vuitton, Hermès, Dior et Cartier ont établi des normes élevées de qualité, d’innovation et d’élégance, qui ont contribué à leur succès mondial. Enfin, la France dispose d’un savoir-faire traditionnel et d’une expertise technique inégalée dans de nombreux domaines, ce qui lui permet de produire des produits de luxe de haute qualité et de grande valeur ajoutée. Cette combinaison d’histoire, de culture, de style et de savoir-faire a permis à la France de se positionner comme leader mondial dans l’industrie du luxe. Mais l’industrie fait face à de nouveaux défis, notamment concernant le remplacement de la main d’œuvre qualifiée issue de la génération X qui arrivera à la retraite dans les prochaines années, ou encore la prise en compte de critères importants de durabilité.
Selon le rapport de l’UNEP (United Nation Environment Programme) de 2018, l’empreinte carbone du secteur de la mode au sens large oscillerait entre 8 % et 10 % des émissions mondiales. En absolu, c’est un secteur faiblement émetteur de GES (Gaz à Effet de Serre), néanmoins le réel enjeu avec ce secteur reste sa croissance structurelle assurée par l’essor de la classe moyenne urbaine et l’augmentation du revenu disponible moyen. In fine, le secteur de la mode a, comme tous les autres secteurs de l’économie, un rôle à jouer dans la limitation du réchauffement climatique. Finalement, au rythme de croissance actuel, le secteur devra réduire de moitié ses émissions actuelles afin d’être aligné avec les accords de Paris. Outre les émissions de GES, c’est la biodiversité et les écosystèmes qui représentent le chef de file des impacts environnementaux du secteur. En effet, sa croissance est conditionnée par des approvisionnements en matières dont la disponibilité et la qualité sont déjà impactées par le changement climatique, et par sa capacité à se positionner sur une offre durable, notamment liée à son exposition croissante aux générations Y et Z.
Au-delà, de l’aspect environnemental, le secteur du luxe joue aussi un rôle sociétal de part sa forte influence à travers le monde. Le secteur touche désormais une gamme plus large et variée de consommateurs et a un impact significatif sur les différentes parties prenantes : fournisseurs, clients, et communautés. Il est poussé vers plus de durabilité par les nouveaux consommateurs (générations Y et Z) et par l’impact négatif du réchauffement climatique et de l’érosion de la biodiversité sur ses approvisionnements en matières premières. Finalement, le secteur doit faire preuve d’exemplarité, notamment dans l’éthique et dans l’inclusion. Il est scruté pour les messages qui peuvent être véhiculés par les collections, ou pour l’éthique des affaires au sens large. En assurant le maintien d’une production locale et la sauvegarde d’un savoir-faire artisanal, le secteur joue un rôle dans la dynamisation des territoires, ainsi que dans son soutien aux fournisseurs locaux.