La première quinzaine d’août 2019 n’a pas dérogé à sa traditionnelle période de volatilité sur les marchés, amplifiée par la faiblesse des volumes et des liquidités. Dans un environnement de fort ralentissement économique, cela s’est traduit par une nette hausse de l’aversion au risque, entraînant une baisse des marchés actions et une forte détente des taux longs de fin juillet jusqu’au 15 août. Depuis, les marchés ont rebondi. Pourquoi ?
Outre un excès de ventes à court terme, des déclarations récentes, venant des banquiers centraux et des Etats, laissent présager de nouvelles mesures dès septembre. L’attention des investisseurs s’oriente donc vers deux événements internationaux ce week-end. Le premier est la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole dans le Wyoming, avec un discours de Jerome Powell dès vendredi. Le second est le G7 des chefs d’états à Biarritz. Dans les deux cas, on espère des annonces positives pour l’économie mondiale. Historiquement, les communiqués officiels déçoivent. Toutefois, on s’attend à ce qu’exceptionnellement, des révélations majeures soient faites par les membres de la FED. Néanmoins, la situation actuelle ne laisse guère le choix. L’Allemagne a annoncé une contraction de 0,1% de son PIB au 2ème trimestre. L’industrie a pesé négativement de 0,6% au cours de cette période. C’est clairement la conséquence de la guerre commerciale initiée en mars 2018 par la Maison Blanche. Cette pression de Washington, officiellement sur la Chine, devrait se traduire par des baisses de taux supplémentaires des deux côtés de l’Atlantique. Ce n’est pas un hasard si le finlandais Olli Rehn, membre de la BCE, a déclaré la semaine dernière qu’une action significative était nécessaire en septembre. L’état germanique devrait également réagir. Un plan de relance de 50 milliards d’euros serait envisagé. Cette augmentation de dette ne coûterait rien au contribuable puisque les taux d’intérêts sont négatifs sur toutes les maturités ! Selon certains économistes, l’impact positif cumulé sur le PIB serait proche de 1%. Ils estiment même que cela équivaudrait à une baisse des taux de la banque centrale de 0,4% à 0,50%. C’est intéressant de noter que pour une fois, les gendarmes monétaires sont plutôt favorables à une augmentation de l’endettement d’un pays. C’est gratuit et cela n’alourdit pas la charge d’intérêts.
En revanche, cela met moins de pression à la banque centrale de baisser ses taux fortement ou d’adopter un nouveau programme de rachat massif de dettes souveraines, qui coûterait très cher puisque les taux sont négatifs.
Dans ce contexte incertain, la publication des indices PMI en Europe ont surpris positivement en août. La France a connu une reprise plus forte qu’attendue, avec un PMI manufacturier à 51 contre 49,5 le mois précédent. Celui des services s’améliore également à 53,3. En Allemagne, le PMI composite progresse à 51,4 et le PMI manufacturier s’améliore à un niveau toutefois faible (43,6). Pour une fois, la déception est venue des Etats-Unis, où le PMI manufacturier en août a franchi à la baisse le niveau de la contraction (de 50) à 49,5. C’est la preuve que nul n’est épargné par cette récession industrielle et qu’il est grand temps de réagir.
Chiffre de la semaine : 72 800 départs de feu ont frappé la forêt amazonienne depuis le début de l’année, en lien avec la déforestation et la sécheresse