Les investisseurs ont retrouvé le moral. Après un été moribond, où le mot récession hantait les salles de marchés, voilà que les indices boursiers américains battent de nouveau leur record historique. En Europe, grâce notamment à LVMH, notre bon indice CAC 40 (même hors dividendes) a effacé la crise financière de 2008. Sommes-nous au début d’un retournement économique avec une accélération de la croissance ? « Pas encore, mais cela ne saurait tarder ! » répondent les optimistes qui achètent des valeurs cycliques et financières et vendent des obligations. Les pessimistes, qui restent à l’abri, trop contents d’observer des gains plus modestes, rétorquent par un « non, rien n’indique un redémarrage de l’activité ! ». La réalité est effectivement plus nuancée. Du côté des indicateurs, nous sommes loin de la reprise franche tant attendue. En effet, en octobre aux États-Unis, 36 000 emplois manufacturiers ont été détruits et l’indice Markit PMI Manufacturier a continué de s’effriter à 51,3 contre 51,5 précédemment. Les commandes de biens durables ont baissé également de 1,3% en septembre. Mais le marché a surtout retenu une croissance de 1,9% au troisième trimestre et 131 000 emplois créés en octobre dans le secteur privé dans sa totalité. De surcroit après avoir affolés les investisseurs en septembre, les indices ISM publiés cette semaine ont rassuré les opérateurs. Ainsi, l’ISM manufacturier a légèrement progressé à 48,3 contre 47,8 le mois passé. C’est surtout la même statistique dans les services qui a fait basculer positivement la balance. De facto, avec 54,7 en octobre contre 52,6, les financiers ont oublié le blues estival pour croire en un été indien prolongé.
Au-delà des actions, il est intéressant de noter que les futures taux n’anticipent plus de baisse des taux de la FED. Les fameuses courbes des taux entre le 3 mois et le 10 ans ne sont plus inversées alors qu’elles étaient le centre des discussions depuis mai. Par conséquent, il est fort probable que l’institution monétaire fasse une pause en décembre. Jerome Powell continuera d’agir selon l’évolution de la situation. Aujourd’hui, après avoir baissé le loyer de l’argent de 0,75% en juillet, les rendements réels sont redevenus négatifs aux États-Unis. Nous sommes bien dans une politique monétaire accommodante dans un pays où le chômage est ressorti 3,6% en octobre. Certes le marché des actions a anticipé la reprise, mais il suffirait d’une bonne nouvelle géopolitique, comme la signature d’un accord commercial préliminaire, pour que les données économiques basées sur des sondages (PMI et les ISM) se redressent. Après une saison des résultats du troisième trimestre meilleure que prévue, les liquidités, qui coûtent cher en Europe avec des taux négatifs, sont mécaniquement réinvesties dans des actifs plus risqués mais plus rémunérateurs sur le long terme. Or, les banques centrales augmentent de nouveau leur bilan, ce qui fait baisser l’aversion au risque et explique donc les records boursiers.