C’est une bonne surprise. L’Allemagne affiche une croissance de 0,1% au troisième trimestre contre -0,1% attendue. Ce chiffre positif a rassuré beaucoup d’investisseurs car la récession n’a pas officiellement atteint notre voisin d’outre Rhin. Par ricochet, le Produit Intérieur Brut (PIB) de la zone euro s’est accru de 0,2% pour la même période. Toutefois, pas de triomphalisme, car la croissance du deuxième trimestre en Rhénanie a été révisée à la baisse à -0,2% contre -0,1% auparavant. Néanmoins, la bonne tenue de la consommation et le maintien des dépenses gouvernementales ont plus que compensé la faiblesse de l’investissement, affecté par la stagnation du commerce mondial. Sur un an glissant, la progression est de 1% contre une baisse de 0,1% auparavant. En réalité, tant qu’une trêve ou un accord ferme sur la guerre commerciale n’est pas signé, l’environnement économique restera modéré. De plus, il faudrait des indicateurs PMI manufacturier et composite au-dessus de 50, contre respectivement 42,1 et 48,9 dernièrement, pour se sentir à l’abri des démons d’une contraction des facteurs de production.
Cette bonne statistique n’a pas échappé au ministre des finances Olaf Scholz. Celui-ci s’est rapidement félicité de la solidité du pays et a immédiatement précisé qu’aucun plan de relance n’était nécessaire à court terme. Le but étant de couper court aux spéculations et à la pression des autres pays de la zone euro, qui exigent une politique budgétaire plus expansive. Rappelons l’excédent de 45 milliards d’euros au premier semestre publié en août. Le gouvernement actuel maintiendra donc son cap tant que les services résistent bien et que les conditions actuelles ne se dégradent pas davantage, comme le chômage qui se maintient à 5%. D’ailleurs, le vice-président de la BCE, De Guindos, a estimé hier que la probabilité de voir l’économie de la zone euro tomber en récession était très faible, le plus gros risque pour lui étant une longue période d’expansion sous son potentiel. Il est donc d’accord sur la situation actuelle, mais a appelé les pays excédentaires à augmenter leur soutien à la croissance européenne, soulignant la faiblesse actuelle de la rentabilité des banques. Ceci constitue la principale menace pour la stabilité financière dans la zone euro. L’idée étant toujours que la banque centrale a déjà fait énormément.
C’est un peu le même son de cloche outre-Atlantique. Plusieurs membres de la FED se sont exprimés récemment. Tous ont mis en avant la robustesse de l’activité américaine, y compris Jerome Powell, malgré un environnement international plus dégradé. L’unanimité repose sur le fait que l’inflation devait se contracter davantage avant plus d’assouplissement monétaire, n’en déplaise à la Maison Blanche. Sur ce point, la hausse des prix en octobre a légèrement progressé sur un an glissant à 1,8% contre 1,7% en septembre. L’inflation de base, ou sous-jacente, s’est toutefois contractée à 2,3% contre 2,4% le mois précédent. Cette légère baisse n’occulte pas que nous sommes au-dessus de l’objectif de 2%. Le double mandat (croissance/ inflation) imposée à la banque centrale n’est donc pas entièrement atteint, ce qui explique pourquoi celle-ci souhaiterait gagner du temps et passer son tour le 11 décembre. Elle prépare de ce fait le marché à l’éventualité d’une pause, plus ou moins prolongée, selon les données économiques qui seront publiées prochainement.