C’est une tradition qui s’exporte des Etats-Unis dans le monde entier. Fin novembre, le lendemain du jeudi de Thanksgiving, les américains commencent leurs achats de noël. C’est le Black Friday, ou vendredi noir. La couleur fait initialement référence, depuis 1951, aux embouteillages sur les routes et aux bousculades dans les magasins. C’est également l’occasion de « sortir du rouge » pour les commerçants et donc d’afficher des comptes positifs. Cette année, les ventes ont dépassé un nouveau record des deux côtés de l’Atlantique. Le chiffre d’affaires a ainsi atteint plus de sept milliards de dollars en une journée au pays de l’oncle Sam. En France, plus de cinquante-six millions de transactions par carte bancaire ont été enregistrées. En plus d’un demi-siècle, les habitudes des consommateurs ont changé. Les géants de la vente en ligne ont flairé le filon en proposant une livraison à domicile express et des promotions alléchantes, parfois trompeuses. Ces offres se prolongent jusqu’au lundi suivant, appelé depuis 2005, le « Cyber Monday ». Une estimation de plus de neuf milliards de dollars d’achats « cliqués » a été donnée par Adobe Analytics pour ce millésime. C’est dorénavant plus que notre fameux vendredi traditionnel ! Cette période de frénésie de consommation inquiète même nos parlementaires. Un amendement déposé au projet de loi anti-gaspillage a même été déposé pour mettre un terme à ces soi-disant excès de la société. On peut douter de l’efficacité de cette tentative de régulation, quand cette vague répond à un besoin réel et offre une solution pratique aux citoyens pour leurs cadeaux sous le sapin.
Cet évènement positif pour les distributeurs a été relayé au second plan par les marchés. Donald Trump a en effet annoncé la restauration de taxes sur l’acier et l’aluminium argentins et brésiliens. C’en est fini des dialogues apaisés, qui laissaient espérer une issue imminente à la guerre commerciale. La menace de taxer, dès 2020, plus de 100% les vins et spiritueux français, ainsi que les produits de luxe, ont eu des effets négatifs. Nos leaders mondiaux que sont LVMH et Hermès ont été affectés, baissant de plus de 2%. Plus inquiétant encore, le doute est mis sur un possible accord préliminaire sino-américain avant le 15 décembre, date d’instauration de droits de douanes supplémentaires, notamment sur des composants électroniques. Un tweet a même évoqué que les négociations pouvaient se prolonger audelà des élections présidentielles de novembre 2020. S’agit-il d’une menace avant un ultime « round » de tractations ou d’une stratégie politique à des fins électorales ?
Nous devrions avoir des éléments de réponse sous quinzaine. Tout ceci peut toutefois constituer un frein à la tentative en cours de reprise de l’activité. D’autant que les derniers chiffres macroéconomiques ont été mitigés. Ainsi, aux Etats-Unis en novembre, les indicesISM manufacturiers et non manufacturiers sont ressortis en baisse et en-dessous des attentes, respectivement à 48,1 et à 53,9. Les créations d’emplois selon l’ADP ont été également décevantes à 67 000 contre 135 000 attendus et 121 000 en Octobre. Les commandes à l’industrie sont repassées positives de 0,3% contre -0,8% le mois précédent. Celles des biens durables sont ressorties à +0,5% contre +0,6% espéré. Dans la zone euro, l’activité se stabilise à un bas niveau en novembre. Ainsi, le PMI manufacturier est désormais à 46,9 contre 46,6 en octobre. Celui des services s’améliore légèrement, désormais à 51,9 contre 51,5 précédemment. Les ventes de détail en octobre se sont contractées de 0,6% en octobre après une baisse révisée à 0,2% en septembre. Il nous faut donc une impulsion plus forte pour sortir de l’ornière. Par conséquent, un semblant d’accord commercial pour relancer l’investissement serait le bienvenu, surtout en guise de cadeau de noël pour bien clôturer l’année.