C’est un fait inédit depuis décembre 2008, la FED a baissé ses taux directeurs à 2,25% contre 2,50% auparavant. Elle met donc un terme à un cycle haussier qui aura duré 3 ans (de décembre 2015 à décembre 2018), où les rendements à court terme ont été relevés de 225 points de base (de 0,25% à 2,50%). Cette période dite de « normalisation monétaire », après la pire crise financière depuis 1929, peut être qualifiée de longue et très progressive, ou douce. Rappelons qu’au cours des précédentes périodes de durcissement plus violentes, les taux avaient progressé de 425 points de base en deux ans (de juin 2004 à juin 2006), de 300 points de base en un an (de février 1994 à février 1995) et 175 points de base en 10 mois (de juillet 1999 à mai 2000).
Cet assouplissement était anticipé par les marchés. L’inconnu était de combien. C’est tout le débat. Certains, comme ceux de la Maison Blanche, auraient souhaité 50 points de base. D’autres, comme deux membres de la banque centrale dits « dissidents » dans le communiqué officiel, auraient voulu un statu quo. C’est un détail très important qui n’a pas échappé aux opérateurs, en plus du ton du président de la FED lors de la conférence de presse. Celle-ci s’est achevée sur la conclusion que le comité voyait toujours un environnement favorable et agirait en conséquence pour maintenir l’expansion économique actuelle. Le tout avec un marché du travail robuste et une inflation proche de son objectif symétrique de 2%. Autrement dit, malgré toutes les pressions extérieures, l’institution est la seule à décider selon le contexte de l’activité. La situation intérieure ne justifie pas, selon elle, de baisser les taux, malgré la faiblesse soulignée de l’investissement. C’est surtout la croissance mondiale et la guerre commerciale non achevée qui forcent à agir. Par une étrange coïncidence, le lendemain, Donald Trump a annoncé sa décision d’augmenter les droits de douane sur 300 milliards de dollars d’importations chinoises supplémentaires.
Quoi qu’il arrive, c’est un geste timide. Est-ce un ajustement momentané ou le début d’un cycle long de baisse des rendements ? Pour le marché des actions, le résultat diffère profondément selon les deux scenarii. Dans le premier cas, les performances historiques de cette classe d’actifs dans les 12 mois qui suivent sont solides. Dans le second cas, c’est l’amorce d’une récession et d’un duo infernal de baisse des bénéfices et des cours de bourse. Il est donc crucial que les chiffres macroéconomiques manufacturiers cessent de se dégrader ces prochaines semaines.
Dans ce domaine, les Etats-Unis affichent une croissance plus forte qu’anticipée au 2ème trimestre. Ainsi, le PIB a augmenté de 2,1% contre 1,8% attendu. C’est la consommation des ménages américains qui a dopé cette publication avec une croissance de 4,3% contre 1,1% précédemment. Tout ceci fait que la confiance des consommateurs, mesurée par le Conference Board, ressort en juillet à 135,7 contre 124.3 en juin. De plus, les créations d’emplois selon l’ADP ont progressé de 156 000, toujours le mois dernier, contre 112 000 en juin. Le bémol, c’est toujours l’industrie qui ralentit, selon l’ISM manufacturier en baisse à 51,2 en juillet. Comme en Europe, c’est le tertiaire qui tient l’économie. Pour combien de temps ?
Chiffre de la semaine : 40 000 – litres de diesel ont été déversés en Patagonie ce samedi, région dont les eaux sont considérées parmi les plus pures du monde.