Dans quelques heures, le Royaume-Uni quittera l’Union européenne. Ce sera l’épilogue d’un feuilleton de trois ans et demi, initié le 23 juin 2016. A l’époque, une majorité de 51,89% avait voté favorablement pour cette option au cours d’un référendum. Le compte à rebours a été officiellement déclenché le 29 mars 2017, quand le gouvernement de Theresa May a activé le fameux article 50. C’en est suivi plus de trente mois d’âpres négociations et de plusieurs reports pour trouver un accord de transition. Mais cette fois-ci, le Brexit est une certitude, après sa ratification par tous les parlements concernés. C’est l’enthousiasme chez les Britanniques, dopés par une souveraineté totale retrouvée. C’est la tristesse à Bruxelles et chez les europhiles, navrés de voir un pays membre quitter l’Union. Pour l’anecdote, les députés européens ont chanté un « Ce n’est qu’un au revoir » à leurs collègues rentrant au pays. L’aventure aura finalement duré 47 ans (de 1973 à 2020).
Que va-t-il se passer maintenant ?
Les deux zones vont continuer de fonctionner quasiment comme auparavant, excepté des formalités de déclarations obligatoires aux frontières pour les biens, les services et les personnes. C’est la raison pour laquelle les marchés sont sereins face à cet évènement historique. Mais pour l’instant, tout est provisoire. Le plus dur reste donc à faire. Il faut maintenant négocier des traités commerciaux pour déterminer définitivement les conditions des échanges. Les deux partis vont donc de nouveau croiser le fer pour préserver leurs intérêts. Les produits agricoles et ceux de la pêche seront, sans doute, l’épicentre de nouvelles tensions. Boris Johnson souhaite achever ce marathon fin 2020. Le camp adverse juge impossible le respect de ce calendrier. L’affaire est donc à suivre. Les stratégistes et les économistes estiment un rebond de l’activité au cours du premier semestre, grâce également aux mesures de relance du gouvernement de sa Majesté, et le soutien de la Banque d’Angleterre. Le FMI prévoit 1,4% de croissance en 2020 contre 1,3% dans la zone euro. La décote des actions anglaises par rapport à leurs consœurs européennes intéresse les investisseurs. Ce pays sera-t-il une tête de pont pour les biens, les services et surtout, une nouvelle place financière off-shore très attractive ? Les experts sont divisés sur le sujet et seul l’avenir nous le dira.
En attendant, les marchés sont focalisés sur l’épidémie du coronavirus et le nombre de cas infectés, en Chine mais particulièrement ceux en-dehors de l’Empire du Milieu. Cette angoisse monopolise l’attention des opérateurs. Les prévisions de croissance de la Chine commencent à être revues à la baisse pour 2020 à 5,8% et surtout à 5,6% pour le premier trimestre, soit 0,4% de moins qu’auparavant. Cette baisse serait quasiment compensée au second semestre. Cette économie pèse désormais plus de 18% dans le PIB mondial et explique sans aucun doute l’orientation à la baisse des taux longs souverains sur la semaine. Toutefois, gardons notre sang froid. Bernard Arnault, PDG de LVMH et troisième fortune mondiale, a déclaré cette semaine, lors de la conférence de presse des résultats 2019, avoir donné à ses collaborateurs la consigne « Pas de panique ! ». Pourtant son groupe réalise 30% de son chiffre d’affaires en Asie hors Japon. Prenons-en de la graine !