Le coronavirus est devenu une pandémie mondiale et sévit actuellement durement en Europe et aux États-Unis. Nous avons évidemment une pensée forte pour les familles des victimes et pour le personnel soignant dévoué en première ligne. Au-delà du triste bilan humain réévalué quotidiennement, et de l’émotion qu’il suscite, le moment est venu d’initier le décompte des conséquences économiques et sociales de cette crise sanitaire. Il est colossal et sans précédent depuis la grande dépression, du fait du confinement de plus de trois milliards de terriens. Tout d’abord en France, selon le ministère du travail, vingt pour cent des salariés, soit quatre millions, sont au chômage partiel. Plus de 400 000 entreprises ont demandé de bénéficier de cette mesure. Aux États-Unis, les nouvelles demandes d’allocations chômage ont atteint dix millions ces deux dernières semaines. Rappelons que celui-ci s’élevait à quatre millions entre mi 2008 et mi 2009. Le choc est donc violent.
Aux grands maux, les grands remèdes. La réaction des états a été rapide et importante. OutreAtlantique, un plan de 2 200 milliards de dollars a été adopté par le Congrès soit dix pour cent du PIB. Un autre devrait suivre dans les infrastructures. Soulignons que cette relance budgétaire est bien supérieure à celle de 2008 et de 1930. Dans l’hexagone, si on intègre les garanties de l’état accordées aux prêts aux entreprises (300 milliards d’euros), cela représente un effort relativement plus important.
Les banques centrales ont également frappé fort et vite. La FED a annoncé un Q.E. (Quantitative Easing) illimité et a ouvert plusieurs programmes d’achats, couvrant toute la panoplie d’actifs financiers monétaires et obligataires, souverains et privés. Le but étant d’assurer la liquidité, quand celle-ci a disparu, pour éviter la défaillance d’un acteur majeur du marché. La BCE a également réagi avec, entre autres, un plan d’urgence pandémique (PEPP) portant sur 750 milliards d’euros d’ici la fin de l’année.
Toutes ces mesures commencent à porter leurs fruits. Le sentiment de panique qui prévalait jusqu’à mi-mars sur les marchés financiers a disparu, même s’ils ont baissé ces dernières séances Au-delà du rebond des actifs risqués, on peut noter, cette semaine, la réouverture du marché primaire avec de nouvelles émissions obligataires. Malgré les tensions récentes sur le crédit, les conditions de financement sont loin d’être celles connues en 2008 et en 2012. Les volontés récentes, pas encore matérialisées, de trouver un accord de production entre les pays membres et extérieurs à l’OPEP, est un facteur crucial pour la reprise des cours du pétrole. Cela pourrait stabiliser également le marché de la dette de notation « high yield ».
Tout est donc fait pour que la reprise, désormais prévue au deuxième semestre, soit importante. Les capacités de production et de consommation ont été préservées. Tout dépendra de la durée du confinement. Celui-ci étant moins strict qu’en Chine, on peut prévoir qu’il sera réduit progressivement à partir de fin avril. Les économistes sont très partagés sur l’ampleur du choc et du rebond. Les entreprises abandonnent de plus en plus leurs prévisions pour 2020 et suspendent même provisoirement leurs dividendes. A l ’orée de la saison des résultats du premier trimestre, celles-ci devront commencer à comptabiliser les pertes liées au coronavirus, et rassurer les investisseurs pour attirer de nouveau les acheteurs et relancer les indices boursiers.