C’est une molécule sous les feux de la rampe depuis trois mois, et la source du rebond sensible des marchés financiers en ce vendredi 17 avril. Cet antiviral, développé initialement par l’américain Gilead contre les virus Ebola et Marburg, suscite de nombreux espoirs contre le Covid-19. Dès janvier de cette année, les autorités sanitaires chinoises ont noté une certaine efficacité parmi les personnes atteintes sévèrement de cette pathologie. Des phases pivots sont actuellement en cours pour tester cliniquement un traitement de 5 et de 10 jours. Les résultats de deux études cliniques mondiales devraient être publiées prochainement, celle regroupant les patients modérés (1600 dans 169 centres) et celle regroupant les patients sévèrement infectées (2400 dans 152 centres). Hier, un site web médical nommé Stat, a relevé les propos d’un praticien en rapport avec l’essai clinique réalisée par l’Université de Médecine de Chicago, un des sites de l’étude « sévère ». Une grande majorité de ces patients seraient sortis au bout de 6 jours. Si ces faits sont confirmés sur l’ensemble de l’étude, ce serait un critère d’efficacité important. Car au-delà du traitement, cela pourrait potentiellement soulager les hôpitaux, facilement saturés par une hospitalisation longue (jusqu’à plus d’un mois).
Pourquoi cette annonce a-t-elle autant d’impact sur les indices boursiers ?
Cette réaction des marchés démontre bien l’attente forte pour toutes les solutions thérapeutiques potentielle vis-à-vis de ce coronavirus, cause de la plus forte récession depuis la crise de 1929, même si celle-ci devrait être une des plus courtes. Nous attendons donc avec impatience les résultats officiels et restons prudents tant que les conclusions et le détail ne seront pas publiés. Le débat est déjà ouvert chez les scientifiques, car ces essais ne comportent pas de placebo (une population de personnes recevant un traitement sans aucune substance active). On ne peut donc pas comparer scientifiquement l’efficacité d’une molécule par rapport à un échantillon ayant développé sa propre réponse immunitaire. Bien que nous validions cet argument, nous restons pragmatiques et constructifs. Si le dénouement est positif, le Remdesivir peut potentiellement devenir un des premiers traitements sur le marché contre cette pathologie (d’ici la fin de l’année). Nous sommes également convaincus que d’autres solutions plus efficaces vont apparaître par la suite (notamment celle d’un vaccin). Cette annonce, pour les investisseurs, ouvre psychologiquement une issue potentielle à cette crise économique violente. Celle de vivre avec ce virus, comme nous vivons avec les autres, sans interrompre l’économie et sans la crainte d’une deuxième vague redoutable. Cela fait mécaniquement baisser l’aversion au risque, et monter les actifs risqués. Revenons aux fondamentaux économiques qui témoignent du choc provoqué par le grand confinement. Le FMI anticipe désormais une contraction du PIB mondial de 3% (contre une croissance de 3,3% en janvier). Selon cette institution, le PIB des États-Unis devrait chuter de 5,9%, et celui de la zone euro de 7,5%. Cela se traduirait par une baisse de 9,1% du PIB en Italie, de 8% en Espagne, de 7% en Allemagne et de 7,2% en France. Effectivement, si le Remdesivir, pouvait contribuer, même partiellement, à sortir le monde de la récession, ce serait un remède complémentaire à celui des banques centrales et des États.