C’est la lumière au bout du tunnel pour presque quatre milliards de terriens : sortir du confinement. Les principaux pays concernés sont en train de fixer les dates et les règles pour ce retour à la normale. Certains ont déjà franchi le pas comme l’Allemagne le 20 avril. Les médias français s’empressent de souligner outre-Rhin l’augmentation récente de nouveaux cas testés positifs. Toutefois, il convient de mettre en évidence la baisse des cas actifs en-dessous de 40 000, grâce à un nombre quotidien de malades guéris supérieur à celui des nouvelles personnes contaminées. Rien d’affolant donc qui puisse remettre en question le système de santé qui a le mieux soigné ses concitoyens en Europe. La ville de Iéna rentre au moins une deuxième fois dans l’histoire (après la victoire de Napoléon 1er en 1806 !) pour des raisons plus pacifiques : aucun nouveau cas détecté depuis la liberté retrouvée. C’est bien la preuve que les mesures de distanciation sociale, d’hygiène et du port du masque obligatoire, bien suivis, sont efficaces avec une politique efficiente de dépistage et d’identification des porteurs de la maladie.
Dans cette ambiance d’espoir de jours meilleurs, les investisseurs, rassurés par les achats massifs des banques centrales, anticipent une reprise forte pour le second semestre. Ils veulent tourner la page de la récession du premier semestre et achètent les sociétés sur la base d’une année 2021 plus normalisée. Pourtant, plusieurs inconnus demeurent, qui pourraient altérer ce scénario idéal. Le déconfinement sera graduel et distinct entre les pays et les régions. La rigueur des populations à adopter avec succès les consignes sera un élément déterminant pour empêcher cette fameuse deuxième vague. Les nouveaux comportements de consommation peuvent émerger dans cette période incertaine avec moins de voyage et de restaurants. Il sera donc difficile de remettre au travail la totalité des millions de chômeurs, même partiels, depuis plus de six semaines. Le potentiel de croissance est donc entamé pour plusieurs semestres.
Ces perspectives moins roses ont été bien contrées par les gouvernements et les banques centrales. Ces deux piliers ont annoncé des mesures de soutien qui ont désormais dépassé la somme astronomique des 10 000 milliards de dollars. Rappelons que la crise de 2008 avait couté moins de 2 000 milliards de dollars aux établissements financiers et provoqué un marasme financier. Cette mauvaise expérience a servi de leçon. Les banques centrales assument la liquidité qui fait défaut. Tout ceci incite les opérateurs à mettre de coter les mauvais chiffres économiques. Le PIB américain s’est contracté de 4,8 % au premier trimestre avec une forte baisse de la consommation de 7,6 %. Celui de la zone euro s’est replié de 3,8 %. Du côté des résultats des entreprises, la saison des résultats du premier trimestre est dans l’ensemble en baisse de 16 % sur un an des deux côtés de l’Atlantique. Le consensus qui prévoyait en janvier une croissance des profits pour 2020 de 9 % sur les marchés actions est désormais sur une baisse aux alentours de 18 %. Pour 2021, une croissance de 23 % est anticipée. Ces chiffres cachent une forte dichotomie entre les secteurs défensifs et cycliques dont celui de l’énergie. Ceci justifie des comportements boursiers différents. De tels écarts dans des périodes brèves rendent le comportement des marchés moins lisibles. Nous ne serions pas surpris d’une consolidation à court terme, même si nous envisageons un marché relativement optimiste jusqu’à la publication des résultats du deuxième trimestre, prévus dès juillet.