La patience paye. Les marchés financiers avaient corrigé la semaine du 11 mai, premier jour du déconfinement : la fête avait été gâchée. Un certain nombre de facteurs, que nous avions énumérés il y deux semaines, avaient incité les investisseurs à prendre des profits après le fort rebond d’avril. Il ne fallait pas désespérer. La reprise, certes graduelle, est en marche et le nombre de nouveaux cas de Covid-19 en Europe reste contenu, malgré la réouverture des commerces (hors restaurants et bars). Cette normalisation progressive a donc été nettement saluée par les marchés avec des gains beaucoup plus marqués en Europe qu’aux Etats-Unis.
Deux causes majeures expliquent cette surperformance du vieux continent. Tout d’abord, vingt milles américains en moyenne sont toujours contaminés quotidiennement par le coronavirus. Ensuite, la Commission européenne a créé la surprise en annonçant un plan de relance de 750 milliards d’euros, baptisé « Next Generation EU ». Sa présidente, Ursula von der Leyen, a présenté le 27 mai une enveloppe de subventions (500 milliards) et de prêts (250 milliards), qui bénéficiera aux pays les plus touchés par la pandémie et sans flexibilité budgétaire. L’Italie et l’Espagne devraient ainsi se voir allouer au total plus de 320 milliards d’euros de cumul. Il est prévu que l’Allemagne et la France reçoivent respectivement 29 et 39 milliards d’euros de subventions et pas de prêts. Toutefois, le chemin d’adoption de ce plan est long. Il sera discuté lors d’un sommet européen le 18 juin. D’ici juillet, un accord politique sur le cadre financier pluriannuel pour les périodes 2021-2027 devra être adopté par le Conseil européen. Le Parlement européen sera consulté d’ici l’été pour une approbation avant fin décembre avec une ratification de tous les états membres. Il est donc encore trop tôt pour savoir si cette mesure sera réellement adoptée dans cette version. Néanmoins, cela traduit une volonté forte de l’institution et les opérateurs ont apprécié ce geste symbolique.
Les chiffres macroéconomiques ont été moins nombreux cette semaine outre-Atlantique, du fait d’un jour férié ce lundi. Les données d’avril étaient très dégradées. Ainsi, les commandes de biens durables avaient baissé de 17,2% (7,4% hors transport). Les ventes de logement en cours s’étaient effritées de 34,6%. Depuis, la situation se redresse. Ce mois-ci, la confiance des consommateurs s’améliore à 86,6 contre 85,7 auparavant. L’indice des attentes du Conference Board progresse à 96,9 contre 94,3 et les nouvelles demandes d’allocations chômage au 23 mai continuent de baisser à 2,123 contre 2,446 millions. La tendance est identique en Europe, et notamment en France. De ce fait, il était urgent économiquement de poursuivre le déconfinement, tout en maîtrisant la propagation du virus. C’est le scénario escompté par les marchés financiers, alimenté surtout par des rachats de positions vendeuses. Les souscriptions dans les actifs risquésse font toujours attendre. Elles devraient arriver si l’amélioration se confirme.