Ce sont les grands gagnants de la crise sanitaire avec celles du secteur de la santé : les entreprises du digital et du numérique, autrement appelées de l’espace informationnel. On peut évidemment féliciter nos personnels soignants remarquables, dits de première ligne, ceux de la logistique et du commerce dits de seconde ligne. Les réseaux informatiques, bien qu’invisibles, ont été tout aussi indispensables pendant le confinement, permettant aux salariés et à beaucoup de services de fonctionner. Ce sont les logiciels dénommés Teams (Microsoft), Zoom et ceux des plateformes internet, qui ont relié le monde du travail, ainsi que celui des consommateurs avec celui des distributeurs. Pour beaucoup de ces prestataires, l’année 2020 se traduit par une activité et des profits records, en forte dichotomie avec le reste de l’économie. Il est donc logique que ce segment de la cote, enregistre des performances nettement positives.
Le problème est que ce secteur a été perçu comme un nouvel eldorado pour de nouveaux investisseurs, notamment les particuliers américains, confinés et indemnisés par le gouvernement. Ceux-ci ont placé une partie de leurs bas de laine dans des actions technologiques. Appâtés par encore plus de gains, ils ont investi dans des dérivés à courte échéance, maximisant leur effet de levier. Selon le courtier Exane, ce serait l’équivalent de 500 milliards de dollars de notionnel en positions ouvertes. Cet été, le volume de transactions sur les options a été plus important que celui sur les sous-jacents. Un phénomène typique dans les bulles boursières. Cela s’est traduit directement par une accélération de la hausse des titres, dont les excellents résultats financiers du deuxième trimestre ont été publiés à partir de juillet. Les conséquences sont donc visibles : une augmentation de la volatilité sur les marchés financiers. La moindre nouvelle est soit saluée soit sanctionnée fortement. La simple annonce de la non-intégration de Tesla dans l’indice Standard & Poors 500 a fait chuter, le 8 septembre, son cours de 21%. On est donc dans un monde devenu irrationnel avec ses travers.
Faut-il s’en inquiéter ? On peut répondre positivement et négativement. Oui, car cette spéculation a entraîné un excès de valorisation qui disparaîtra au fil du temps. Non, car cette correction a modifié sainement les allocations de portefeuille vers des compartiments extrêmement peu chers dits «value», tels les financières et les industriels, ainsi que certains dits défensifs comme les télécoms et les services publics. Les flux ont été cette semaine négatifs sur les fonds d’actions américaines et positifs sur les marchés européens et émergents.
L’actualité économique hebdomadaire a été pauvre. La BCE n’a rien modifié dans sa politique monétaire accommodante, que ce soit au niveau des taux directeurs que celui de ses programmes d’achat d’actifs. Les prévisions de croissance et d’inflation pour la zone euro ont été légèrement ajustées. LE PIB devrait baisser de 8% en 2020 contre 8,7% initialement et croître respectivement de 5% et de 3,1% en 2021 et 2022. L’inflation, cette année, resterait modestement positive de 0,3%, avant de croître en 2021 de 1% contre 0,8% initialement prévue. Ce biais légèrement plus optimiste a fait monter l’euro au-delà de 1,19 contre le dollar avant de se replier. Les tensions sur le Brexit entre l’Union européenne et le Royaume-Uni ont fait chuter la livre sterling. L’euro a dépassé les 0,92, une première depuis le mois de mars. Ces frictions devraient se poursuivre ces prochaines semaines, avant l’échéance de négociations du 15 octobre. C’est une source potentielle d’instabilité pour les actifs risqués.