La rumeur circulait depuis quelques jours. Elle devient réalité. À partir de ce vendredi minuit, plus de 18 millions d’habitants de neuf métropoles seront donc interdits de circuler dans la rue entre 21 heures et 6 heures du matin, sauf munis d’une attestation dérogatoire. Les oiseaux nocturnes seront déprimés, pour cette entrave à leur liberté, après avoir subi deux mois de confinement au printemps. Ils s’en remettront plus facilement que tous les commerces, bars, restaurants, cinémas et théâtres, traditionnellement ouverts en fin de soirée. Pour eux, au-delà de l’incertitude, c’est la répétition des fermetures qui risque de devenir fatale. Le gouvernement vient à leur secours avec des nouvelles mesures de soutien financier. Mais seront-elles suffisantes ?
Cette crise sanitaire, qui devait être transitoire, se prolonge. On attend sous quelques semaines les résultats intermédiaires des premiers vaccins censés nous protéger. Quoiqu’il arrive, ceux-ci ne seront pas disponibles en quantité suffisante d’ici mi-juin pour nous immuniser collectivement. La situation va donc perdurer encore plusieurs mois. Avec l’arrivée de l’automne, favorable aux virus respiratoires, le gouvernement redoute une seconde vague saturant nos hôpitaux et leurs services de réanimation. Le coronavirus circule trop et frappe d’avantage les plus vulnérables, c’est-à-dire les parents et les grands-parents de la plupart des asymptomatiques. Il faut agir maintenant, pour sans doute sauver la période de Noël. Pour la Toussaint, les familles pourront circuler encore librement. Les conséquences sont donc dramatiques pour tous les secteurs concernés. Tiendront-ils le coup ? La règle des six personnes et celle du télétravail partiel, prônées par le gouvernement, permettront-t-elles de gagner la bataille, en attendant une immunité collective naturelle ou inoculée ? Comment rembourser à terme toute cette dette émise par tous les agents économiques ?
La période des résultats du 3ème trimestre débute bien, après une forte reprise cet été. Toutefois toutes ces questions précédentes sans réponse imminente expliquent la volte-face récente des investisseurs. Les prévisions de croissance pour le 4ème trimestre devront être revues à la baisse. À cela, s’ajoutent les échéances politiques du Brexit et de l’élection présidentielle américaine. Cependant, même sous couvre-feu, les autres secteurs continuent de travailler, en s’adaptant à la situation. Même sans orientations (guidances) des entreprises, les révisions résiduelles à la baisse des bénéfices par action pour 2020 pourraient être au minimum. Le marché peut voir au-delà du bout du tunnel, en cas de normalisation progressive de l’activité économique en 2021 et le dernier scénario économique du FMI va dans ce sens. L’institution internationale prévoit désormais une chute de la croissance mondiale de 4,40 % pour cette année et de 5,2 % pour l’année prochaine. Néanmoins la reprise sera contrastée. D’un côté, les pays émergents et en développement verront leur PIB progresser de 6 % en 2021, après une contraction précédente de 3,3 %. De l’autre côté, ceux des pays avancés réduiront de 5,8% puis augmenteront de 3,9% pour les mêmes périodes. La principale explication de cette dichotomie se trouve en Chine. Le berceau de la pandémie rebondit actuellement fortement, après la crise du 1 er trimestre. La création de richesse annuelle sera positive de 1,9 % et de 8,2 %. Il faut dire que l’Empire du Milieu ne lésine pas sur les moyens. Les autorités ont décidé de tester la totalité des neuf millions d’habitants de la mégalopole de Quingdao, à la suite de douze cas positifs détectés, dont six asymptomatiques. Quand on met les moyens, on peut gagner la guerre contre le coronavirus.