C’est un rêve proche de la réalité. Ce n’est probablement pas un mais deux vaccins contre la SARSCoV-2 qui devraient être provisoirement approuvés d’ici la fin de l’année. Les résultats intermédiaires de Moderna et ceux définitifs de BioNtech / Pfizer ont démontré une efficacité de l’ordre de 95 % dans une étude pivot. Sauf ultime rebondissement, lié à des effets secondaires non encore constatés à ce jour, des campagnes de vaccination sélectives devraient commencer aux États-Unis dès la fin de l’année. Réaliser en onze mois ce qui historiquement prenait six à neuf ans, constitue bien un exploit médical. Celui-ci a été possible grâce à la biotechnologie et l’effort financier massif des États pour accélérer le développement. Évidemment, il est prématuré de distinguer les deux traitements, car on ne connaît pas encore leur réel couple efficacité/sécurité. Les volontaires des programmes cliniques seront suivis pendant deux ans. De plus, ce n’est qu’avec l’augmentation du nombre de vaccinés dans le temps, que l’on pourra réellement évaluer la protection effective et les risques encourus.
Cet évènement scientifique a bousculé les investisseurs. Pour les stratégistes, il fixe un nouveau cap à suivre pour la flotte de leur gestion. Une sortie de la crise pandémique est désormais possible vers mars/avril. L’usine de BioNtech, située à Marburg en Allemagne, qui fournira les doses pour l’Union européenne, devrait atteindre sa capacité maximale à la fin du premier trimestre. D’autres acteurs (Astrazeneca et peut-être Sanofi) devraient recevoir une approbation lors du 1er semestre 2021. Ainsi, on peut raisonnablement estimer que le redémarrage économique va s’accélérer au cours du deuxième trimestre de l’année prochaine. Historiquement, les marchés anticipent les phases d’expansion avec une avance de 3 à 5 mois. Nous sommes bien en phase avec ce calendrier prévisionnel pour 2021. De ce fait, un mouvement de flux vers des actifs plus risqués s’est mis en marche et devrait, selon nous, se poursuivre. De plus, le noir du tunnel dans lequel nous nous trouvons devrait commencer à s’éclaircir d’ici deux semaines, avec la probable réouverture des commerces. En effet, le taux d’incidence au coronavirus dans la métropole a été divisé par deux depuis son pic (219 contre 498). Non seulement, nous allons connaître une zone grise avant de revoir la lumière, mais on peut mieux cerner la distance qui nous reste à parcourir. Les investisseurs à long terme que nous sommes pensent déjà au monde d’après crise sanitaire, qui sera d’ailleurs différent de celui-ci d’avant. En revanche, de nouvelles vagues épidémiques ne sont pas à exclure. Cependant, nous estimons que celles-ci ne devraient pas entraîner de nouveaux confinements à partir de la seconde moitié de l’année 2021.
Malgré des prises de bénéfice, les arbitrages sectoriels se poursuivent donc au profit de valeurs dites « value », cycliques et financières, avec une forte sélectivité. La solidité bilancielle des secteurs touchés par la Covid-19 a été mise à rude épreuve. C’est la raison pour laquelle, dans son ensemble, nous préférons les émetteurs de l’automobile à ceux des transports aériens. Le premier secteur cité est en train de réussir sa transition écologique (avec un plan massif allemand décidé cette semaine). Le second est plus négativement impacté et fera l’objet de recapitalisations supplémentaires. Le monde digital restera favorisé par les consommateurs. Les soubresauts que nous pouvons connaître à court terme (Brexit en particulier), peuvent être bien absorbés par les marchés après le grand-huit vécu à ce jour en 2020, d’autant plus dans un contexte où les banques centrales continuent leurs achats d’actifs.