Nous n’assistons pas à une rencontre sportive, dont l’issue entre les deux compétiteurs est indécise, mais à l’énième prolongement des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Cela fait quatre ans et demi que les Britanniques ont acté le Brexit par référendum. Aujourd’hui, nous n’en connaissons pas encore les conditions. Souvenez-vous, à la suite du vote historique du 26 juin 2016, une première date effective avait été initialement fixée au 29 mars 2019. Celle-ci a été reportée trois fois pour être définitive au 31 janvier 2020. Dans l’incapacité des parties de trouver un accord global, une période de transition s’est ouverte et s’achèvera ce 31 décembre. Le nouveau calendrier prévoyait de trouver un compromis fin octobre, qui devait être ratifié par les parlements de tous les États membres, d’ici la fin de l’année. À ce jour, les ultimes tractations de la dernière chance sont toujours dans l’impasse. Lundi, nous devrions savoir si un accord commercial a été trouvé ou non. Cela signifie que, dans le cas d’absence de nouveau traité, les échanges entre les deux zones seront soumis au régime de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). De facto, des droits de douane seraient appliqués aux marchandises qui franchissent les frontières.
Devant cette incertitude, les entreprises ont déjà anticipé cet évènement avec des commandes de prévention (surstockage). De surcroît, les relocalisations et les changements de siège social des sociétés ne souhaitant pas être exclues de la zone de libre-échange ont déjà eu lieu. L’impact d’un « no-deal » est donc moins dommageable aujourd’hui qu’en 2016. Toutefois, on peut anticiper à court-terme une contraction des exportations. À ce titre, 47 % des produits expédiés à l’étranger par le Royaume-Uni sont destinés au continent européen. Ce même flux, dans le sens inverse, ne représente que 8 % pour les 27 pays membres restants. On devine bien qu’en théorie, les Anglais ont plus intérêt à finaliser avec les Européens. Seulement, une décision malheureuse ne peut être exclue, au nom de la souveraineté nationale, et pour défendre les emplois d’un secteur (la pêche en particulier), au détriment d’autres négativement impactés. Quoi qu’il arrive, vivement l’épilogue de ce triste feuilleton aux nombreux épisodes sans résultats fructueux.
Outre-Atlantique, les membres du Congrès tardent également à trouver un plan de relance pour contrer les effets négatifs de la troisième vague du SARS-CoV-2. Nous attendons depuis le mois d’août une action qui ne s’est toujours pas concrétisée. Reporter encore, c’est prendre le risque de faire basculer l’économie américaine dans la récession au premier trimestre 2021, alors que celle-ci résiste plutôt bien au 4ème trimestre 2020.
Heureusement pour les marchés financiers, et contrairement aux politiciens, les banques centrales sont plus réactives et plus prévisibles dans l’implémentation de leurs politiques monétaires. La BCE a annoncé ce jeudi 10 décembre sept nouvelles mesures, dont l’augmentation de son programme d’achats d’actifs de 500 milliards d’euros et son extension jusqu’à fin mars 2022. Dans tous les cas cette facilité sera maintenue jusqu’à la fin de la crise sanitaire. Cette lucidité, face au coronavirus et aux nombreuses incertitudes, permet aux marchés de mieux absorber des chocs externes, comme l’incapacité de l’Europe de s’entendre mutuellement avec les Britanniques