C’est officiel : la BCE vient d’autoriser, ce mardi 15 décembre 2020, la distribution de dividendes et les rachats de titres par les banques. Cette décision intervient une semaine après celle identique de la Banque d’Angleterre. Souvenez-vous : en pleine pandémie, le 27 mars dernier, le régulateur européen avait recommandé aux institutions de crédit de suspendre, jusqu’au 1er octobre 2020, toute forme de retour aux actionnaires, afin de renforcer leur solidité bilancielle, ainsi que leur capacité à prêter. L’objectif était ainsi de maintenir suffisamment de capital pour faire face à d’importantes provisions en pleine crise sanitaire, la finalité étant évidemment d’éviter une nouvelle crise financière, comme en 2008, où les États avaient dû porter secours pour empêcher des faillites. Le 27 juillet, cette recommandation avait été prolongée jusqu’au 1er janvier 2021. Toutefois, le mot d’ordre officiel reste la prudence, avec une forte modération recommandée de cette pratique jusqu’au 30 septembre 2021, ainsi qu’un plafond représentant 15 % des profits cumulés en 2019 et 2020 et 0,20 % du ratio dit « core tier one » (fonds propres sur actifs moyens pondérés).
Cette mesure était déjà anticipée par le marché et constitue une légère déception, compte tenu des contraintes imposées par le régulateur. Ainsi, seuls les meilleurs élèves pourront reprendre leur versement pour récompenser leurs actionnaires. Dans le haut du tableau, figurent HSBC et Société Générale avec un rendement potentiel maximal proche de 3 %. Ensuite, suivent BNP Paribas et Crédit Agricole avec une distribution possible représentant entre 2 et 2,5 % du cours. La sélection reste donc de mise et rares sont les acteurs pouvant offrir un retour de cash supérieur à 1 %. Il est évident que ce phénomène est encore prématuré. Le véritable retour des dividendes est en réalité prévu en 2022 sur les profits de 2021, attendus en forte hausse par rapport à 2020. Néanmoins, cet évènement reste important, car ce secteur de la cote redevient « investissable » pour les fonds rendements, avec à la clé de nouveaux flux positifs. C’est un soutien de plus pour le marché, rappelons en effet que le dividende constitue une part importante de la performance boursière. À titre d’illustration, un investisseur français, ayant acheté le 1er janvier 2000 un ETF investi sur le CAC 40, aurait perdu de l’argent au 18 décembre 2020 (-7 %), en plus de 20 ans sans les dividendes. Avec les distributions réinvesties, le bilan redevient positif de plus de 75 % sans fiscalité, malgré trois crises boursières majeures (éclatement de la bulle internet de 2000, crise financière de 2008 et pandémie de 2020) ! Dans un cycle de reprise économique en 2021, la thématique rendement peut constituer, selon nous, une part non négligeable des allocations de portefeuille.
En attendant ce scénario favorable, soulignons cette semaine des indicateurs PMI préliminaires de décembre meilleurs que prévu des deux côtés de l’Atlantique. Pour une fois depuis le mois de juillet dernier, c’est l’indice des services qui enregistrent la plus forte progression en France à 49,2 contre 40 attendu et 38,8 en novembre. Le déconfinement depuis fin novembre, quoique partiel, explique ce net rebond. Toutefois, cette dynamique positive peut être altérée avec de nouvelles restrictions décidées en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni. Décidemment, cette fin d’année 2020 est atypique, avec de surcroît l’attente de l’issue des interminables discussions sur le Brexit et le plan de relance américains à Washington, qui peuvent créer de la volatilité lors de la traditionnelle trêve des confiseurs.