C’est un facteur déterminant dans la bataille contre le SARS-CoV-2. Les personnes âgées de plus de 75 ans ont répondu massivement à l’appel de la vaccination. Plus d’un million de rendez-vous ont été pris en la seule journée du 15 janvier, saturant tous les standards téléphoniques et les sites internet dédiés. Ce raz de marée a désorganisé davantage toute la logistique mise en place, déjà critiquée longuement par les médias. On croirait revivre les ratés d’une économie planifiée, comme ce fut le cas au vingtième siècle dans les pays de l’Est. Ainsi, les doses de vaccin sont réparties par État selon l’importance de la population, sans tenir compte de la demande réelle, ni des contraintes logistiques. On assiste à une montée en puissance du nombre de centres (833), qui dépasse l’augmentation des quantités livrées, créant une pénurie encore plus flagrante.
Quels que soient les ratés actuels, on ne peut que se réjouir de cet excès de demande. La clé pour sortir de cette crise sanitaire repose sur le succès des stratégies vaccinales. Un seul chiffre résume tout : plus de 90 % des décédés de la Covid-19 ont plus de 65 ans. Il faut donc que cette tranche d’âge, qui représente plus de 20 % de la population française, acquiert une certaine forme d’immunité active. Cela représente 13 millions d’individus ou 26 millions de doses à inoculer. Au 20 janvier, le rythme quotidien s’élevait à 107 133. À cette cadence, cela prendra 8 mois pour atteindre cet objectif ! Il faut donc au moins la doubler, voire la tripler si on souhaite inclure les plus de 50 ans avant l’été. Le ministre de la Santé va même plus loin en annonçant, ce jeudi 21 janvier, que 500 000 places seraient ouvertes d’ici fin février pour vacciner la totalité de la population française d’ici fin août. Cela semble irréaliste aujourd’hui, mais suit la recommandation de la Commission européenne, qui vise un taux 70 % à fin septembre. La première conclusion de toutes ces données est que la France, comme la plupart des pays de la zone euro, subira des restrictions jusqu’à fin juin. De facto, le scénario de reprise à partir du second trimestre du consensus est trop optimiste. Toutefois le rebond au second semestre 2021 serait beaucoup plus fort que celui vécu en 2020. Ce rattrapage, après un début d’année plus faible que prévu, tient actuellement les marchés financiers. Le succès de cette campagne occidentale est donc plus que jamais cruciale pour les actifs risqués.
Revenons à la réalité, avec une pandémie mondiale qui sévit actuellement durement, surtout au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Les derniers chiffres économiques sont divergents et parfois surprenants. Du côté positif, l’indicateur du sentiment économique ZEW de janvier en Allemagne (dans un pays qui se reconfine) est ressorti supérieur aux attentes. La composante des attentes est même en hausse à 61,8 contre 59,4 en décembre. Les chefs d’entreprises outre-Rhin bénéficient de la conjoncture en Asie et surtout en Chine. L’empire du Milieu vient de confirmer un PIB positif de 2,3 % pour 2020, une production industrielle et des ventes de détail en décembre respectivement en hausse sur un an glissant de 7,3 % et de 4,6 %. Cela contraste avec les États-Unis, où les mêmes statistiques sont ressorties plus faibles et en nette décélération à 1,6 % et à 2,9 %. Toutefois, des poches de résistance existent avec des mises en chantier au plus haut depuis fin 2006. En tant qu’investisseurs, dans cet environnement exceptionnellement dichotome, le stock picking va compter plus que jamais. Le début de la saison des résultats du 4ème trimestre 2020 semblent le confirmer, sans de réelles surprises pour le moment, avec des sociétés en croissance et celles touchées durement par la crise.