C’est une des nombreuses conséquences de cette crise sanitaire. Le SARS-CoV-2 est bien responsable de nombreux déséquilibres entre l’offre et la demande sur certains produits. Un des plus médiatisés actuellement est certainement celui des semi-conducteurs. Cet élément minuscule est un composant indispensable pour faire circuler les informations dans les circuits électroniques. Sans lui, pas d’ordinateurs, de téléphones portables, de voitures, ni d’autres objets connectés.
Les confinements de 2020 ont accéléré une tendance qui était déjà amorcée auparavant, à savoir le besoin de plus en plus croissant en puces électroniques, basées sur un semi-conducteur. Le recours soudain et massif au télétravail a entrainé une forte augmentation d’achat de PC portables et d’imprimantes. Selon la société Canalys, le bond en unités vendues en 2020 avoisine les 27 %, que ce soit pour les tablettes ou les ordinateurs de bureau. Les sociétés ont également modifié leur infrastructure informatique, ayant de plus en plus recours au cloud, donc à des serveurs décentralisés et externalisés (les fameux data center dont certains ont récemment brûlé), au lieu de modèles internes, moins gourmands en semi-conducteurs. D’autres facteurs, plus surprenants, ont accentué la carence en cette ressource. Ainsi, la flambée du Bitcoin a incité de nombreux « chercheurs d’or » à « miner » des cryptomonnaies, devenues également plus nombreuses. Les moyens utilisés sont très consommateurs de cartes mémoires, qui font désormais défaut. Les conséquences directes sont concrètes : une hausse des prix de 30 % depuis un an sur certaines références de PC et d’imprimantes (à caractéristiques identiques) et l’absence de nombreux modèles sur les rayons.
De surcroît, la hausse du marché des téléphones portables, couplée à l’avènement de la « 5G » et au recours plus fréquent au Wi-Fi ont fait exploser le marché des équipements de télécommunication, de modems et autres processeurs pour faire face à l’augmentation attendue de données échangées. Autre élément favorable, la future voiture autonome (avec plus de radars) et l’électrification des véhicules sont des facteurs additionnels positifs pour ce secteur. Tous ces éléments font que le marché des semiconducteurs (évalué à 433 milliards de dollars), devrait être voué à un bel avenir, avec une croissance estimée de 8 à 10 % ces prochaines années. Il est devenu également moins cyclique qu’auparavant et a été un des bénéficiaires de la crise sanitaire en 2020, comme celui de la santé. Selon nous, ce segment de la cote doit figurer dans l’allocation des portefeuilles, en investissant sur toute la chaîne de création de valeur. Cela va des fournisseurs d’équipements, comme le néerlandais ASML (première ligne d’Arc Actions Rendement), aux fabricants de puces comme STMicroelectronics (présent dans Arc Patrimoine et dans certains comptes dynamiques de nos clients sous mandat de gestion). Cependant, certaines sociétés, notamment dans l’automobile, subissent les revers de cet engouement. Volvo, General Motors et Toyota ont annoncé cette semaine, ne pas pouvoir tenir leurs objectifs de livraisons de véhicules ces prochains mois. Les investisseurs doivent donc intégrer toutes les conséquences (aussi bien positives que négatives) de la ruée vers ce microcomposant dans leur allocation de portefeuilles. En attendant, ce marché devient géopolitique, avec un bras de faire entre la Chine, Taiwan, la Corée du Sud, les États-Unis et l’Europe pour la sécurisation de l’approvisionnement de cet actif, désormais stratégique.